L’artère Nord-Est étant parcourue par un nombre croissant de TER, il devenait nécessaire de la délester de son trafic fret. À cette fin a été créé plus au sud un itinéraire bis moyennant la construction d’un nouveau raccordement, la réactivation de deux autres et la modernisation des lignes empruntées existantes. Un itinéraire certes contesté, car plus long de 60 km, mais offrant aux trains de fret une plus grande liberté de mouvements.
L’industrie lourde, avec ses terrils miniers et ses cheminées d’usines, a longtemps marqué le paysage monotone du nord de la France. La Révolution industrielle du XIXe siècle s’est accompagnée d’un développement prodigieux du tissu ferroviaire géré par le réseau du Nord et complété par des lignes de compagnies privées. Son maillage en fait un des plus denses de l’Hexagone après celui de la banlieue parisienne et avait la particularité de comporter de nombreux raccordements entre les lignes, favorisant les courants militaires. Le conflit armé de 1914-1918, au cours duquel le territoire du Nord était intégralement occupé par l’armée allemande, a occasionné de graves destructions, nécessitant la reconstruction de nombreuses installations : gares, triages, dépôts, ouvrages d’art. La Seconde Guerre mondiale a été également à l’origine de gros dégâts, dont une grande partie est imputable aux violents bombardements alliés du printemps et de l’été 1944.
Pendant la longue période d’exploitation intensive du filon houiller, s’étendant d’ouest en est de Béthune à Valenciennes en passant par Lens et Douai, la production de charbon et coke était évacuée en majeure partie vers la Région parisienne et au-delà, ainsi que vers la sidérurgie Lorraine. En contrepartie, les mines de fer implantées dans les bassins de Briey, Longwy, Thionville, expédiaient la minette vers les hautsfourneaux du Hainaut, du Valenciennois et de Berguette-Isbergues. Cet échange de produits lourds a longtemps emprunté l’artère Nord-Est de Lille à Thionville via Valenciennes, Aulnoye, Hirson, Mézières-Charleville et Longuyon. Constituant l’itinéraire court entre les deux ensembles industriels, elle courait le long de la frontière belge et a toujours connu un trafic à dominante marchandises, ce qui a milité en faveur de son électrification en courant industriel sous 25 kV en 1954-1955. Au milieu de la décennie 1960, la France s’oriente vers la construction du complexe Usinor de Dunkerque, recevant du minerai riche d’importation, appelé à supplanter le minerai lorrain, dont l’épuisement intervient un quart de siècle plus tard et s’accompagne du déclin des pôles sidérurgiques. En 1990, les puits de mines du bassin du Nord-Pasde- Calais ont tous cessé leur activité, réduisant le volume des