Ouverte au service commercial le 3 juillet sur la totalité de son parcours, la LGV EE met désormais Strasbourg à 1 heure 46 de Paris dans le meilleur des cas. Et cette ouverture a également des répercussions favorables sur de nombreuses liaisons intersecteurs entre l’Est, le Nord et le Midi. Les horaires appliqués restent cependant provisoires en raison des conséquences du dramatique accident d’Eckwersheim. Ils devraient par la suite connaître de nouvelles améliorations.
Après le tragique accident le 14 novembre écoulé de la rame expérimentale TGV 744, due à une vitesse excessive au Km 404 sur le pont du canal de la Marneau- Rhin à Eckwersheim, le tronçon Baudrecourt – Vendenheim de la seconde phase de la LGV Est a été mis en sommeil. Les essais dynamiques ont repris le 29 février avec activation du système automatique de contrôle de vitesse, donc sans survitesse, ce qui garantira un plafond de 300 km/h jusqu’au Km 395,1, suivi d’une zone à 170 jusqu’au Km 402,9 et enfin 160 jusqu’à Vendenheim. Au cours du deuxième trimestre, des tests de fonctionnement du GSMR comme média support de l’ERTMS jumelé à la TVM 430 ont été entrepris avec la rame 749, puis suivies de courses de familiarisation du personnel de conduite, avant l’obtention de l’autorisation de mise en exploitation commerciale devant être délivrée par l’EPSF courant juin. Ces derniers mois, les horairistes ont dû revoir intégralement le plan de transport des TGV, mais aussi ceux des TER Lorraine et Alsace qui avaient été mis sur pied pour le 3 avril. La nouvelle grille appliquée au 3 juillet implique, en effet, à titre provisoire, l’usage d’un tronçon de voie banalisée de 25 km entre Steinbourg et Vendenheim sur voie 1. Il en résulte pour certains sillons une détente de quelques minutes lorsqu’ils sont en conflit sur ce trajet avec un mouvement de sens inverse.
D’abord envisagé en 2014, puis pour 2015, ce nouveau ruban à grande vitesse a été inauguré le dimanche 3 juillet 2016, à cette occasion a été installé, sur le parvis de la gare de Strasbourg, un village européen mettant à l’honneur huit destinations emblématiques de « TGV L’Européenne ». Dans ce village, reconstitué sous la forme d’une place de marché, chacun est invité à prendre part à un voyage au sein des cultures européennes. Art, gastronomie et tourisme rythmant les itinéraires. Déjà ramené de 502 à 451 km avec la première phase, le parcours Paris – Strasbourg va tomber à 439 km, dont 92 % à grande vitesse, qui se feront au mieux en 1 heure 46 à 248,5 km/h de moyenne commerciale. Il faut attendre la levée des scellés judiciaires frappant la voie 2 au niveau de l’accident pour engager la remise en état de la voie et du pont sur le canal, interventions qui sont évaluées à sept mois, après quoi la période provisoire prendra fin. La vitesse de fond sera alors relevée de 300 à 320 km/h.
Les grandes étapes de la seconde phase
Le tracé des 106 km de la seconde tranche de la LGV EE avait été arrêté et entériné lors du décret de la DUP du 14 mai 1996. Seule petite modification, le branchement au nord de Vendenheim, prévu initialement sur les voies Paris, a été déplacé en définitive sur les voies de la ligne de Wissembourg (ligne 146 ex-33). Côté ouest, le branchement à la LGV première phase est réalisé en amont du raccordement de Baudrecourt, au Km 299, non loin de la commune de Thimonville. La LGV court ensuite dans la contrée agricole légèrement ondulée du Saulnois, où se trouvent les localités de Morhange, Bénestroff et Dieuze, en restant au sud de l’artère Metz – Réding, empruntée par les TGV Strasbourg depuis juin 2007. Elle recoupe de petits cours d’eau tels la Nied et la Petite Seille, puis la forêt de Fénétrange, parsemée d’étangs, appartenant au Parc naturel régional Lorraine, et le canal des Houillères de la Sarre. Elle traverse à Sarraltroff, au nord de Sarrebourg, la Sarre suivie par la ligne précitée. Évitant la localité fortifiée de Phalsbourg, elle passe du département de la Moselle à celui de Bas-Rhin, traverse en tunnel le chaînon boisé vosgien au nord de Saverne, à la base du Parc naturel régional des Vosges du Nord, puis dégringole dans le couloir de la Zorn, affluent du Rhin, suivie par la ligne 070 (ex-1) Paris – Strasbourg et le canal de la Marne-au-Rhin.