Capitale d’été haut perchée du pouvoir colonial britannique, Shimla est reliée au réseau indien par une petite ligne de 93 km. Une petite ligne de montagne à voie étroite, au tracé spectaculaire, que nous vous invitons à découvrir au rythme paisible du train diesel qui la parcourt.
Kalka, petite ville située au nord de Delhi dans le district de Panchkula, dans l’État de Haryana. Ce jour-là, la gare s’éveille dans une effervescence exceptionnelle. Le long de l’avenue principale, deux énormes camions arrivant de Bombay stationnent, chargés de locomotives flambant neuves qui attendent d’être acheminées vers les rails. Une stratégie d’approche est mise en place ainsi qu’une grue pour le déchargement des colosses.
Malgré tout, sur les quais, l’ambiance est douce, la locomotive diesel et les deux voitures sont en place, des passagers sont installés et patientent avant le départ.
Les dernières vérifications se font au son de la musique du temple hindou voisin, qui entonne les premiers rituels. Après chaque trajet, la locomotive est emmenée dans les immenses hangars à l’orée du bois, et immobilisée sur une fosse. Alors, une armée de mécaniciens passe en revue la bête avec une grande attention pour lui faire peau neuve. Deux objectifs essentiels à atteindre sur cette voie unique : éviter la panne et prévenir l’accident. Cette ligne d’altitude réputée comme dangereuse est limitée à une allure de 25 km/h au maximum. Tout dépassement peut être fatal, un grave accident est survenu en 2015.
Afin de relier Shimla, devenue la capitale d’été du Raj (régime colonial) britannique, au reste du réseau ferroviaire, en 1898 le gouvernement colonial commence la construction du chemin de fer. Des travaux titanesques sont engagés pour aboutir à une prouesse technique et matérielle étant donné le relief accidenté et montagneux. 103 tunnels et 899 ponts ont été bâtis. La ligne est ouverte en 1903 à la circulation des marchandises, et deux ans plus tard à celle des voyageurs. En 1905, l’écartement de la ligne est ramené à 2 pieds 6 pouces (76,2 cm) pour répondre aux normes établies par le ministère indien de la Guerre.
L’ascension commence
Un sifflement retentit, annonçant le départ et appelant les voyageurs égarés qui sautent dans les voitures. Le train s’élance sur cette voie classée depuis juillet 2008 site du Patrimoine mondial de l’Unesco. Les premiers tunnels font la joie des passagers, qui poussent des « hou ! hou ! » durant le sombre instant, une fois à la lumière les fous rires entrent en scène. Les gares s’égrainent ainsi que les « tchaïs » (thés épicés au lait) bus à la volée sur les quais.