À l’issue du débat organisé le 20 juin dans le cadre de la séance plénière du comité central d’entreprise (CCE) de la SNCF, les quatre organisations syndicales représentatives de cheminots (CGT, CFDT, SUD, Unsa) ont voté à l’unanimité la poursuite de la procédure du droit d’alerte économique sur la situation de Fret SNCF. Une procédure initiée le 22 mai pour répondre à leurs inquiétudes sur la pérennité de cette activité.
Selon les élus, les réponses apportées par la direction aux questions posées notamment sur la dette, la stratégie commerciale, les conditions d’exploitation ou la situation sociale « ne font que conforter leurs inquiétudes ». Dans un communiqué daté du 21 juin, ils estiment que « depuis l’annonce du plan Véron en 2003, les dirigeants et les plans se sont succédé, accélérant la spirale du déclin. Cette fuite en avant a contribué à saborder les capacités productives de l’Epic SNCF et à dégrader les conditions sociales (suppression de triages, de gares, de locomotives, de wagons, d’emplois…) ». Conséquence, rappellent-ils, « en 2000, Fret SNCF transportait 55 milliards de tonnes-kilomètre, avec un déficit maîtrisé à 50 millions d’euros. En 2011 le volume transporté n’est plus que de 15 milliards de tonnes-kilomètre pour un déficit avoisinant les 450 millions d’euros ».
« Pierre Blayau, (le patron de SNCF Geodis, ndlr), nous a affirmé qu’il allait continuer dans cette direction et qu’un jour ou l’autre cette stratégie paierait. Selon lui, elle commence à porter ses fruits car la diminution des pertes enregistrées est une première avancée », raconte un responsable de la CFDT-Cheminots. Selon lui, la SNCF compte pour l’avenir sur une harmonisation globale du cadre social concernant à la fois le transport ferroviaire régional de voyageurs (dans la perspective d’une ouverture à la concurrence) et le transport ferroviaire de fret (actuellement, il existe une convention collective applicable aux opérateurs privés de fret que la SNCF souhaite voir disparaître).
« Les réponses de la SNCF sont angéliques, alors que la menace est réellement forte. Il y a urgence à mettre en place de vrais outils pour réguler les conditions de travail et les conditions de la concurrence. Sinon, on risque de mourir à petit feu », estime-t-on côté, Unsa-Cheminots. Les élus du CCE, qui souhaitent voir prises en compte leurs propositions, vont mandater une expertise avec mission de rédiger un rapport d’analyse, comportant des propositions alternatives. Dans le cadre du droit d’alerte économique, ce rapport devrait ensuite être présenté au conseil d’administration de la SNCF.
Photo : © RFF / CAPA / Laurent Rothan (TOMA)