C’est désormais un fait acquis : la maintenance du Réseau ferré national est prioritaire sur les projets de développement. C’est du moins la politique actuelle de SNCF Réseau (ex-RFF). Elle nécessite des méthodes de travail nouvelles, comme la massification des chantiers.
Le sujet n’est pas nouveau. En 2005, l’école polytechnique fédérale de Lausanne remettait un rapport alarmant sur l’état du réseau français, dont le vieillissement semblait inéluctable. Idem en 2013 avec le rapport de la Cour des comptes et le rapport Duron. En 2012, un audit interne avait pointé du doigt la dégradation en Île-de-France. Une situation portée sur la scène médiatique avec le dramatique accident d’un Intercités en gare de Brétigny le 12 juillet 2013. La maintenance ou plutôt ses carences sont au coeur des investigations judiciaires. Le plan Vigirail de 2013 propose des actions concrètes et des innovations pour la rénovation du réseau. Une enveloppe de 410 millions d’euros est attribuée sur quatre ans.
Plusieurs sujets sont à l’ordre du jour : industrialisation et accélération du renouvellement des aiguillages en utilisant des moyens modernes comme les wagons-pupitres WTN pour acheminer des aiguillages prémontés ou la grue Kirow, unique en son genre en Europe (la Multi Tasker KRC 1600 de la société Swietelsky, 160 t sur flèche à 10 m en levage), la surveillance par vidéo des voies avec trois engins baptisés « Surveille », des trains SIM pour les aiguillages, des outils modernes pour les mainteneurs, etc. C’est un vrai tournant de stratégie après des années consacrées aux nouvelles infrastructures et plus particulièrement aux lignes à grande vitesse. Même si trois des quatre lignes en construction font l’objet d’un partenariat publicprivé. Fin 2014, les pertes de SNCF réseau s’élevaient à 213 millions d’euros contre 60 en 2013. La dette représentait 36,8 milliards d’euros en 2014 contre 33,7 en 2013, avec 1,4 milliard de frais financiers, soit 25 % du chiffre d’affaires. Pour la période 2012- 2016, RFF puis SNCF Réseau ont dû trouver un milliard par an pour ces quatre LGV… couvert par l’emprunt !