Un instant menacés par des avis défavorables, ces deux projets ont été remis en selle, mais rien n’est vraiment joué…
On n’y comprend plus rien dans le fonctionnement des instances liées aux grands projets. Les LGV Bordeaux – Dax et Bordeaux – Toulouse, dites GPSO (Grand Projet ferroviaire du Sud- Ouest), prolongements naturels de la SEA, qui s’achève mi-2017, étaient inscrites au schéma directeur des infrastructures de 1991 et de 2011. En 2013, le Premier ministre freine tous les projets nouveaux pour donner priorité au réseau actuel et aux Intercités… exception faite de la liaison Bordeaux – Hendaye dont les travaux seraient à lancer avant 2030. La commission Mobilité 21 préconise, elle, de réaliser Bordeaux – Toulouse dans ce même délai. La commission d’enquête donne un avis négatif sur les deux projets. Les critiques portent sur les aspects environnementaux et l’insuffisance des études alternatives d’amélioration des lignes existantes. La Cour des comptes émet un avis défavorable : « Le modèle à grande vitesse est porté au-delà de sa pertinence. » Mais, assez discrètement, le 26 septembre dernier, le secrétaire d’État aux Transports indique que le gouvernement a décidé de poursuivre la procédure amenant à la déclaration d’utilité publique.
Les arguments sont l’aménagement du territoire de l’arc atlantique, son rattrapage vis-à-vis de l’arc méditerranéen et l’amorce de la future épine dorsale entre la France et l’Espagne. Ces 327 km de LGV sont estimés à 8,3 milliards d’euros, pour mettre Toulouse à 3 heures 10 de Paris en 2024 (environ 5 heures aujourd’hui). Dax serait concerné en 2027. Le débat sur le financement promet d’être rude. Pour SEA, seules 34 des 58 collectivités concernées ont accepté d’engager des crédits, certaines les conditionnant d’ailleurs à ces prolongements ! Et seules une dizaine seraient à jour de leur contribution. Les discussions très difficiles sur les dessertes SEA plombent aussi un peu l’ambiance. Un médiateur a même été nommé pour dénouer certaines situations de blocage. Les élus locaux, à quelques semaines d’échéances électorales, se sont réjouis de la bonne nouvelle… que le Premier Ministre a vite tempérée, une semaine plus tard, en déclarant que « rien n’est décidé ». La dette de SNCF Réseau, les caisses vides de l’État, les craintes de l’opérateur historique d’un faible remplissage de ses TGV face aux péages toujours en expansion vont donner à réfléchir aux décideurs. L’enquête publique de fin 2014 laisse 18 mois (juin 2016) au gouvernement pour se prononcer, après avis du Conseil d’État. Et, localement, des voix s’élèvent aussi pour améliorer les trajets du quotidien entre Bordeaux et Toulouse. Et si possible, avant 2024.