« Crains qu’un jour un train ne t’émeuve plus », disait le poète Guillaume Apollinaire. Serait-il de mauvais augure de ne plus ressentir en soi la magie du chemin de fer ? Le train, c’est d’abord le mouvement. Et le mouvement, c’est la vie. Au XVIIIe siècle, lorsqu’il découvrit le ballet frénétique des voitures à chevaux dans les rues de la capitale britannique, l’écrivain anglais Samuel Johnson n’affirmait-il pas : « Quand un homme est fatigué de Londres, il est fatigué de la vie » ? C’est justement en Angleterre que le chemin de fer est né. Histoire de relever l’impossible défi, pour un voyageur, d’être maintenant ici, et déjà loin dans l’instant qui suit. Si le chemin de fer cultive l’art de nous émouvoir, il cultive aussi celui de nous transporter d’enthousiasme. Tous les sondages l’attestent : les Français aiment le train. Qu’un incident survienne en un point quelconque de l’Hexagone, et l’opinion, par médias interposés, s’empresse aussitôt de vouer la SNCF aux gémonies. Qui aime bien, châtie bien. Or l’étrange lien affectif de chacun avec le monde des trains se nourrit en partie de ces noms évocateurs qui, au fil des années, leur furent attribués. Certes, il n’y a plus désormais, en France, de trains baptisés. Les Mistral, Capitole ou autres Train Bleu s’en sont allés. De même, l’amusant bestiaire des surnoms donnés aux locomotives, automotrices et autorails s’est refermé. Les « Mille-pattes », « Souris grises » et « Lézards verts » se sont vus aiguillés sur les rails du passé. Cela dit, les noms des trains d’aujourd’hui n’en demeurent pas moins, eux aussi, empreints de poésie. Ainsi les Francilien, Régiolis et Coradia Liner sont-ils le nec plus ultra des trains du quotidien, des rames automotrices taillées pour accomplir d’incroyables performances. La seule évocation de tels noms, familiers ou non, préfigure un passionnant voyage au pays de la haute technologie. Enfin, il y a ces sigles que tous les Français ont adoptés, au point qu’ils sont devenus de véritables noms communs. Ne prend-on pas chaque jour son RER, son TER ou son TGV ? Ce dernier est même connu du monde entier. Depuis quarante ans, l’ambassadeur de l’excellence ferroviaire française dirige le projecteur sur l’extraordinaire savoir-faire, passé et présent, des hommes de la SNCF, du constructeur Alstom et d’une pléiade d’autres intervenants. Pour qui a eu la chance de rouler à 515,3 km/h puis 574,8 km/h – les deux derniers records du monde établis par la France –, ce savoir-faire n’est pas un vain mot. Ces trains d’exception, eux aussi, véhiculent toujours pléthore d’émotions. Dans les pages qui suivent, ce sont des histoires, qu’en une poignée de mots nous vous racontons. Celles de trains d’hier et d’aujourd’hui, qui peuplent l’imaginaire de notre pays. La liste réserve des surprises. Surtout, elle n’est pas exhaustive. Puisse Apollinaire être rassuré. Le jour où les trains n’émouvront plus les Français ne semble pas encore arrivé.
Ces trains qui ont changé la France
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Historail n°43
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