L’offre de transport, drastiquement réduite durant les huit semaines de confinement de la population, est restée très supérieure à la demande afin de respecter les mesures imposées par la situation sanitaire. Le 11 mai le pays est entré dans la phase 1 du plan de déconfinement. Analyse de la relance complexe des transports ferroviaires dans des conditions inédites.
Depuis la mise en confinement de la population le 17 mars, la nation tourne au ralenti. Les transports n’échappent à cette pause contrainte et forcée.
Plusieurs phénomènes expliquent la baisse de l’offre dans les transports. Un certain nombre d’agents des opérateurs doivent rester chez eux pour garder les enfants après la fermeture des écoles. D’autres sont malades. Enfin, pour accompagner le respect du confinement, le ministère des Transports demande une très forte diminution de l’offre. De toute façon, la plupart des entreprises étant fermées, les besoins se montrent très rapidement faibles. En Île-de-France où 5 millions de voyages s’effectuent quotidiennement, il n’y a plus que 500 000 voyageurs, soit 10 % !
Très vite après le début du confinement, le trafic s’écroule pour atteindre des minima inconnus : 7 % de l’offre TGV inOui et Intercités (environ 40 TGV quotidiens), 20 à 25 % de l’offre Transilien en Île-de-France, en moyenne 15 % des TER (trains et bus). Aucun Ouigo. À l’international, Eurostar se limite à un AR Paris – Londres et un AR Londres – Bruxelles. Thalys réduit aussi son volume de dessertes à un AR Paris – Bruxelles et un AR Bruxelles – Amsterdam. Il n’y a aucun train vers l’Allemagne, la Suisse, l’Italie et l’Espagne.
Lors de son audition le 15 avril au Sénat, le président Farandou fait part de ses options pour la reprise à l’issue du confinement dont le président de la République a fixé la date au 11 mai. La SNCF souhaite l’obligation du port du masque car le respect de la distanciation sociale paraît déraisonnable. Circuler avec seulement un siège sur deux occupé met à mal la rentabilité de la circulation pour les TGV et Intercités qu’il faut remplir à 60 ou 70 %. Cependant la réservation obligatoire permet, si besoin, de respecter cette règle. Si le déconfinement se fait par région en privilégiant les zones peu touchées par le virus, la circulation des TGV serait adaptée mais rendue difficile par le rôle primordial de l’Île-de-France, zone particulièrement atteinte. Dans les TER et Transilien, les flux sont tels que ces règles ne peuvent pas être appliquées. Même avec 100 % de l’offre, le respect de la distanciation sociale ne permettrait de transporter que 20 % des voyageurs en Île-de-France.
La RATP est sur la même ligne. Et les deux entreprises précisent qu’elles ne pourront pas assurer la distribution des masques aux voyageurs. Dans les grandes métropoles et bien évidemment en Île-de-France, les opérateurs demandent le prolongement du recours au télétravail massif et souhaitent y ajouter l’étalement des heures de pointe par le lissage des heures d’embauche et de sortie des entreprises comme des écoles.
Le casse-tête du déconfinement
Pour accompagner le retour de la vie sociale et de l’activité économique, la SNCF envisage d’augmenter progressivement l’offre : 10 à 20 % des TGV à court terme, 50 % en juin et 100 % à l’été ; rapidement 50 % en TER et Transilien puis en montée en puissance vers 100 % d’ici à l’été en accord avec les autorités organisatrices. L’examen se fera en sur-mesure, ligne par ligne, sans programme préétabli.