Le réseau des CFF (3 236 km de voies ferrées) n’échappe pas au problème générique du désherbage et à la fin annoncée du glyphosate. Assez tardive par rapport à d’autres pays, cette échéance a été fixée à 2025 en Suisse par les CFF.
Une vaste réflexion a néanmoins été amorcée dès 2017, afin de trouver des solutions alternatives, certaines d’entre elles étant déjà mises en œuvre ou testées, à l’instar d’un train désherbeur à eau chaude.
Les responsables de CFF Infrastructure estiment qu’il sera difficile, voire impossible, de trouver un remplaçant parfaitement homothétique au glyphosate qui est par ailleurs le seul herbicide actif à être autorisé pour les zones de voie. Avant d’introduire d’autres herbicides ou méthodes, il convient donc de les tester afin d’établir leur efficacité et de démontrer notamment qu’aucun impact environnemental (tout particulièrement vis-à-vis des eaux souterraines) ne résulte de leur utilisation.
C’est ainsi qu’en coopération avec Agroscope (Centre de compétence de la Confédération suisse pour la recherche agricole), l’OFT, les CFF, le BLS et le SOB essaient différentes substances dont un herbicide biologique à base d’acide pélargonique. Les CFF tablent, parallèlement, sur la mise en place d’un contrôle de la végétation à l’échelle du réseau qui bénéficiera d’une gestion différenciée sur le plan spatial, car la végétation se manifeste différemment, selon les régions. C’est dans ce contexte que diverses procédures de régulation sont à mettre en œuvre et que le processus à base d’eau chaude s’est présenté comme une opportunité à explorer. Ce processus est déjà utilisé dans le secteur des voiries municipales ainsi que celui de l’agriculture biologique. Il a pour exigence de base d’être appliqué sur un sous-sol bien perméable, afin de garantir le passage de charges importantes. Les CFF ont opté de créer un train d’essai (prototype) qui est composé de deux wagons-citernes isolés, de deux wagons pulvérisateurs ainsi que généralement de deux Re 421 encadrant la composition. Son poids total est d’environ 400 t (dont 120 t d’eau chaude potable) et sa longueur est peu ou prou de 90 m. L’eau est chauffée à 95 °C avant utilisation, le chauffage (via l’alimentation dédiée de 1 000 V des locomotives) n’étant plus utilisé ultérieurement. L’eau chaude est pulvérisée sur les mauvaises herbes à des vitesses pouvant atteindre 40 km/h. La consommation dépend directement de la densité de la végétation sur les voies. Le réseau ferroviaire suisse étant bien entretenu et la densité de végétation étant généralement très faible (en dessous des 5 %), les CFF tablent sur une consommation inférieure à 2,4 m3 d’eau par kilomètre de voie. Aucune expérience négative n’est apparue en ce qui concerne la compatibilité des systèmes ferroviaires avec l’eau chaude (jusqu’à 95 °C pour de courtes périodes). Mais les exigences des installations de contrôle des trains (ERTMS, etc.) doivent être respectées. En ce qui concerne l’efficacité de l’eau chaude par rapport au glyphosate, les études sont toujours en cours.