La rénovation complète du chemin de fer de la Rhune et d’autres chantiers récents en France montrent que les traverses métalliques demeurent toujours pertinentes, au moins pour certaines applications.
La fonte et les métaux ont très tôt été utilisés pour les appuis et les traverses longitudinales ou transversales (1800 en Écosse, 1836 en Allemagne). C’est en 1858 qu’apparaît la traverse métallique en auge Le Crenier, une configuration qui sera appelée à évoluer, avec par exemple la traverse en trapèze Vautherin de 1868, et qui n’aura de cesse d’être améliorée, notamment pour tout ce qui participe à son ancrage. Certains développements politiques et faits économiques contribueront au déploiement de ce type de travelage. Après la Seconde Guerre mondiale, la part du linéaire en voie de 1 435 mm équipé en traverses métalliques baisse fortement en Allemagne (sans même évoquer la France) et en Suisse (1) au profit du travelage béton. Il n’en demeure pas moins que la traverse métallique convient fort bien aux lignes avec des rayons et des épaisseurs de radier faibles, comme en montagne. Sans surprise, l’industrie helvétique, en l’occurrence Tracknet (2), est très impliquée par la fabrication de traverses en auge qui requiert les opérations suivantes :
• coupe des profilés en provenance d’Allemagne aux longueurs désirées ; • mise des profilés dans un « rack », puis cycle automatique consistant à poinçonner des trous, à souder des nervures, à plier les nouvelles traverses pour leur donner l’inclinaison désirée (1 : 20 ou 1 : 40), à leur bêchage pour augmenter leur résistance latérale ;
• mise en paquet pour la livraison ou prémontage d’attaches ST 14, STi 14 développées avec la société suisse Schwihag, avant chargement sur des wagons dédiés.
La construction et l’exploitation du chemin de fer à crémaillère de La Rhune ont été confiées par une loi du 12 juillet 1912 au département des Basses Pyrénées, devenu Pyrénées-Atlantiques.
Depuis le 1er janvier 1989, la Société Hydro-Électrique du Midi (S.H.E.M), issue d’une opération de fusion-absorption avec les Voies Ferrées Départementales du Midi (V.F.D.M.), filiale de la SNCF, exploitait cette concession.
La première concession de 1912, remaniée en 1946, devait prendre fin au 31 décembre 1982; elle a été prolongée jusqu’au 31 décembre 1994.
Parmi les différents modes de gestion prévus par la loi du 9 janvier 1985 relative au développement et à la protection de la montagne, le Conseil général des Pyrénées-Atlantiques a choisi, en 1994, d’organiser le service et d’assurer son exécution, par convention de délégation de service public aux risques et périls de l’entreprise exploitante.
Lors de sa réunion du 26 novembre 1994, l’assemblée départementale s’est prononcée sur le choix du délégataire : CFTA du Groupe Veolia Transport.
Le 17 octobre 2012, le Conseil général de Pyrénées-Atlantiques confie la gestion du chemin de fer à crémaillère de La Rhune à l’Etablissement Public des Stations d’altitude (EPSA).
La traverse métallique est un produit industriel de fabrication simple. Elle est constituée d’un laminé en forme de U renversé, embouti à ses extrémités, pour former des bêches qui s’enfoncent dans le ballast et s’opposent au déplacement transversal de la voie. Le rail est fixé au moyen de crapauds qui appuient sur le bord du patin. Ces crapauds sont serrés par des écrous vissés sur des boulons et la combinaison de deux ou trois modèles permet de réaliser une gamme progressive d’écartement de la voie. On peut également adapter des dispositifs élastiques. La traverse métallique, en acier, est relativement légère (80 kg) et est principalement utilisée dans des voies à circulation de moyenne vitesse. N’étant pas isolantes, elles demandent qu’un soin particulier soit apporté aux attaches et leur isolation afin d’être compatibles avec les systèmes de signalisation faisant appel aux courants de voie. Un bourrage de qualité remplissant bien les moules de la traverse, lui permet d’atteindre une stabilité optimum pour les tracés sinueux.
Deux facteurs déterminants font apparaître un regain d’intérêt pour les traverses métalliques:
* Le façonnage des bêches en version longue augmente considérablement leur stabilité latérale, permettant par là le soudage en long rail soudé de la ligne pour des rayons de l’ordre de 200 m.
* L’autre aspect de plus en plus pris en compte est leur excellent bilan écologique, fortement influencé par la possibilité qu’elles offrent d’être régénérées et recyclées dans des lignes de seconde importance.