Baptiste Lamas est né à l’aube des années 2000. Il pratique très jeune le dessin, la trompette et l’écriture. À 22 ans, il publie son premier recueil de poésie, L’Ombre d’Or (éd. Le Lys Bleu), en lien notamment avec les nombreuses nuits de pleine lune qu’il a passées dehors, à entendre et guetter les bêtes sauvages.
Puis, la photographie se révèle à lui, devenant l’ardente passion qui l’occupera toujours. Entre-temps, il étudie la nature, s’occupe d’enfants en classes découvertes, rejoint une faculté de lettres, travaille en boulangerie…
Mais c’est en 2011, presque 15 ans plus tôt, que Baptiste découvre le train, lorsque ses parents divorcent, et qu’il est contraint de voyager chaque week-end entre Paris et Caen. Les locomotives le fascinent, le chant des voitures sur les aiguillages l’élève vers les plus hauts confins de la rêverie, celle de la fuite par le rail. Aujourd’hui, affecté par la disparition quasi totale des trains de son enfance, les Corail Intercités, Baptiste tente d’en saisir les derniers vestiges, avec son appareil photo, et, afin de leur rendre un ultime hommage, écrit le récit qui suit.
Paris-Saint-Lazare, 2011. 17 h 12. J’atteins le sommet du bonheur : dans la salle des pas perdus, direction les Trains Grandes Lignes, tandis que de féminines splendeurs jaillissent du fourmillement voyageurs, l’écran bleu affiche la voie 27 de l’Intercités pour Cherbourg. Soudain, les sirènes de départ hurlent, le chef de gare siffle… Je saute dans le wagon juste à temps : les portes claquent, soupirantes. Kchhh… Kchhh… À la porte arrière de la dernière voiture, tout un panorama s’ouvre à mes yeux.
Une secousse…
Le train s’en va.
Le heurtoir s’éloigne doucement ; sur le quai, les gens se meuvent dans d’immenses au revoir, quelques-uns courent même après le train…
TA TA !
Les roulements, pressant leur allure, frappent symphoniquement les éclisses, et, passé la première aiguille, on eût dit le convoi un serpent ferré écaillé de verdure par la livrée Basse-Normandie, dont la tête incarne une Sybic béton. Ça chante, ça grince, ça jette du rêve embaumé de lointains… Et voilà qu’on s’élance dans un doux fracas, grave et








