Janvier 2002, Louis Gallois, alors président de la SNCF, prédit : « Pour alimenter Port 2000, la part modale du fer au Havre passera dans 10 ans de 11 à 25 % ». L’an dernier, elle est tombée sous les 5 %. Pour autant, certains y croient encore. Dont Ferovergne, opérateur ferroviaire de proximité (OFP) appuyé sur le puissant groupe de transport auvergnat Combronde qui, après deux ans d’existence, n’était pas parvenu à faire circuler le moindre train régional. Le 9 juillet, une navette bihebdomadaire de 27 wagons tractés par Fret SNCF (après mise en concurrence) reliera l’ex-terminal CNC de Gerzat, près de Clermont-Ferrand, aux terminaux portuaires havrais. Ferovergne table sur une capacité initiale de 600 EVP/mois qui retirerait 9 000 camions des routes sur cet axe dès la première année. Dans un rayon de 120 km autour de Clermont, les clients-chargeurs potentiels ne manquent pas. Ils seraient déjà une quarantaine, dont des poids lourds tels Danone (Volvic), Michelin, Eramet et Adisseo (ex-branche nourriture animale de Rhône-Poulenc) à l’export, ou Babou à l’import. Face à cette initiative, la communauté portuaire havraise est partagée. Président du conseil de développement du Grand port maritime du Havre (GPMH) et du puissant Syndicat des transitaires havrais (STH), Jean-Louis Le Yondre s’enthousiame d’abord : « C’est le genre de services dont notre port a besoin pour l’alimenter à partir du centre de la France ». Puis module : « les conteneurs maritimes nécessitent une fiabilité totale que le mode ferroviaire nous a rarement apportée par le passé. Pas question pour une boîte de louper l’escale d’un bateau ». PDG du groupe éponyme, François Combronde se veut rassurant : « si des mouvements sociaux perturbaient le service, nous disposons de suffisamment de tracteurs routiers pour garantir sa ponctualité ».