Lors de la présentation du TGV M, désormais TGV inOui 2025, un détail est passé inaperçu ou presque dans la conception même de cette rame de cinquième génération du TGV.
Dans le choix des concepteurs du TGV de 1981 et repris jusqu’à présent, toute rame comporte deux motrices encadrant un tronçon de voitures voyageurs à un ou deux niveaux. Ce tronçon est un ensemble articulé indéformable. Chaque véhicule repose à chaque extrémité sur un bogie propre à deux véhicules. Tous sauf le véhicule d’extrémité qui doit faire la jonction avec la motrice qui repose sur deux bogies. Ce véhicule a donc son propre bogie côté motrice.
De ce fait, en production à l’usine d’Aytré qui construit les tronçons, il fallait trois chaînes de montage : la voiture-bar, le véhicule intermédiaire et le véhicule d’extrémité. Pour réduire les coûts de production et la standardiser dans le cadre du TGV M, tous les chaudrons des véhicules intermédiaires sont identiques en dehors de la voiture-bar. Il n’y a plus que deux lignes de production.
Mais il faut toujours raccorder le tronçon aux motrices. D’où la création de ce module particulier baptisé « greffon ». Cette boîte de 3 m de long vient prendre place sur la moitié de bogie disponible. Assemblée mécaniquement au premier véhicule, il en épouse la même enveloppe extérieure, offrant ainsi un raccord parfait entre motrice et tronçon pour garantir le meilleur résultat en aérodynamisme. Cette extension en acier est une première mondiale.
Mais ce n’est pas tout. Et le meilleur reste à venir. Le greffon offre un volume nouveau que le constructeur a mis à profit pour proposer des nouveautés. Il récupère des équipements des motrices, qui rappelons-le sont plus courtes de 4 m que dans les générations précédentes (mais aussi un peu plus larges), ainsi que les équipements situés en partie basse des voitures- bars.
Commandé par SNCF Voyageurs au constructeur Alstom à hauteur de 115 rames pour un montant d’environ 3,5 milliards d’euros, ce TGV de 5e génération incarne la concrétisation d’un projet industriel et d’innovation historique entre les deux sociétés. Son déploiement s’échelonnera sur dix ans, à partir de 2025, avec des premières circulations sur la ligne Paris-Lyon-Marseille.
Le futur TGV INOUI aura bénéficié de 350 semaines d’essais cumulées et aura parcouru plus d’un million de kilomètres avant même d’accueillir les premiers voyageurs.
A noter que le greffon est une pièce majeure du futur TGV, car elle doit lui permettre de rouler même en cas de coupure de courant au niveau des caténaires. Ainsi grâce à cette innovation, fini les immobilisations pendant plusieurs heures en rase campagne, sans lumière ni climatisation: le TGV Inoui 2025 pourra rouler sur plusieurs dizaines de kilomètres à vitesse réduite.