Le 5 juin 1933, assurant la remorque du train de voyageurs 417 reliant Paris à Montereau, direct jusqu’à Melun, le mécanicien Terroir et le chauffeur Quence sont brûlés vifs à bord de leur machine-tender entre Charenton et Maisons-Alfort. C’est le chef de train, troublé par une odeur bizarre et constatant la vitesse lentement déclinante du train, qui déclenchera le freinage, avant de comprendre, monté à bord de la cabine, l’horrible accident survenu.
Les commentaires à chaud de la presse
Le Petit Parisien du 6 juin traite de ce « drame hallucinant », de l’effroyable spectacle d’« une torche vivante ». La description de l’arrêt du train, roulant au pas, par le chef de train qui actionne le robinet de frein de son fourgon, est relatée de manière épique: « Le chauffeur, dont les vêtements avaient pris feu également, était resté à son poste et avait pu alerter le chef de train qui avait réussi, en s’agrippant à son fourgon, à atteindre le tender puis la locomotive. Grâce aux suprêmes indications fournies par le chauffeur qui se tordait dans d’atroces souffrances, il avait pu exécuter les manoeuvres nécessaires pour faire stopper le train en gare de Villeneuve- Saint-Georges. »
L’Humanité du 7 juin pointe tout de suite « la rationalisation criminelle de la compagnie PLM » à l’origine de l’effroyable tragédie du « train fou », en incriminant d’abord le « feu vert » : « Terroir et Quence sont arrivés à la gare de Lyon avec le train omnibus 432 à 20 h 13. Ils sont repartis à 21h19, une heure après. Pendant ce temps-là, il a fallu qu’ils préparent leur machine, qu’ils rapprochent le charbon, remplissent les caisses à eau et enfin refassent un feu neuf. Manquant du temps matériel pour que le charbon flambe entièrement au moment du départ, ils sont partis, comme nous disons, avec un « feu vert ». Tous les cheminots vous diront que ceci est très dangereux.
Une machine qui part avec un plein foyer de charbon pas allumé – et il en faut, car le train ne doit mettre que 40 minutes (sic) pour Paris-Montereau ! – et de briquettes dans le même état de demi-combustion est un danger. Les émanations de gaz qui s’en dégagent sont bien plus grandes. Tout le monde connaît l’effet que produit une cuisinière ou une salamandre lorsqu’on l’ouvre pendant que le charbon « prend ». Ça fait une