Le service annuel 2021 a porté un rude coup aux Re 420 de la division Voyageurs des CFF. Comme pour les engins Cargo, leur fin de carrière approche. C’est l’occasion de revenir sur ce que ces locomotives représentent historiquement, sont techniquement et deviennent en fin de carrière.
Les Re 420 (désignées ainsi selon le schéma de numérotation UIC développé dès 1988) constituent depuis le milieu des années 60 une flotte importante (276 unités) et plutôt homogène opérationnellement. Mais cette dotation n’est pas sans comporter certaines différences techniques ou visuelles.
Conception d’un engin polyvalent et puissant
Les CFF ont exprimé très tôt leur intérêt pour un engin polyvalent (Voyageurs et Marchandises – Plaine et Montagne), capable de fonctionner en unité multiple (UM – jusqu’à trois unités) et à même de remorquer seul 960 t en rampe de 12 ‰ ou 460 t en rampe de 26 ‰ (Gothard). Après une première itération infructueuse en 1959, les CFF obtinrent de l’industrie suisse un concept suffisamment ambitieux, y compris dans le domaine du freinage à récupération. Un contrat fut donc passé en 1960 avec les sociétés SLM et BBC (auxquelles se joindront plus tard MFO et SAAS) pour le développement et la livraison de six locomotives à deux bogies moteurs de présérie. Hormis certains aspects, la nouvelle famille se différencierait par ses performances de séries d’engins qu’il convenait dorénavant de remplacer ou de compléter. L’exigence de puissance et d’effort élevés impliquait d’accepter une charge à l’essieu de 20 t et l’ambition de rouler à 140 km/h nécessita, après d’importants efforts de conception, une phase d’essais intensive. La nouvelle locomotive ne devait pas, par les efforts exercés, être destructrice de la voie. Dans l’attente des résultats définitifs (juillet 1964), démontrant la capacité de la nouvelle plateforme à circuler sans dommage à plus de 125 km/h et en courbe selon les vitesses de catégorie R (1), la désignation « BoBo » 11.201 à 206 sera aussi utilisée. À la suite de quoi, les engins seront référencés uniquement comme Re 4/4 II. La 11.201 fut présentée en 1963 mais réellement réceptionnée en 1964 (avec les 202, 203, 204 et 205) pour mise à l’épreuve dans toute la Suisse, avec les trains les plus lourds. La 11.206 reçut un équipement