Établis sur les deux rives du Rhin, voie de communication naturelle majeure en Europe, les chemins de fer ont, depuis leur origine au milieu du XIXe siècle à la création de la NBS Rhin-Main au début des années 2000, revêtu une importance vitale pour les transports de personnes et de marchandises, sur le plan national et international. Nous abordons ici l’étude du corridor ferroviaire très fréquenté de Mayence à Coblence qui s’inscrit dans des sites d’exception.
En Europe, il existe deux exemples de grands fleuves bordés de part et d’autre par des voies ferrées qui s’en approchent quelquefois de très près. Ce sont, en France, les lignes des rives gauche et droite du Rhône de Lyon à Avignon, en Allemagne, celles encadrant le Rhin de Mayence à Cologne (1). Ces dernières sont marquées, dans leur partie médiane au sud de Coblence, par leur caractère spécialement touristique, incluses au fond d’une vallée encaissée sertie de châteaux formant une haie d’honneur au fleuve, couronnant les hauteurs dont les pentes sont propices à la culture de la vigne et parsemées de villages typiques.
Le chemin de fer et la route s’y fraient au XIXe siècle une place de choix, permettant aux voyageurs d’admirer le cours d’eau et son intense navigation commerciale et de plaisance. Les paysages intimement liés à l’histoire et à la légende – dont le site mythique de la Loreley – exercent une puissante influence sur les artistes, écrivains, peintres et compositeurs. L’Unesco inscrit en 2002 sur la liste du Patrimoine mondial, plus spécialement le parcours romantique de 65 km séparant Bingen de Coblence, connu pour son passé turbulent et un enchantement mythique, qualifié de paysage culturel d’une grande diversité et d’une rare beauté.
Les deux voies ferrées qui enserrent le fleuve ont une fonction internationale vitale pour les échanges voyageurs et marchandises entre l’Italie, la Suisse, la Belgique et les Pays-Bas, tout en contribuant à joindre des localités allemandes très importantes : Karlsruhe, Munich, Stuttgart, Mannheim, Nuremberg, Francfortsur- le-Main, Wiesbaden, Bonn, Cologne et Hambourg. Comme nous allons le voir, une certaine similitude existe avec le couloir rhodanien quant à leur exploitation.
Long de 1 233 km, le Rhin est un des fleuves majeurs de la vieille Europe avec le Danube. Il prend sa source en Suisse comme le Rhône dans les Alpes grisonnes, traverse le lac de Constance mitoyen entre la Suisse et l’Autriche, sert de frontière naturelle entre la France et l’Allemagne de Bâle à Lauterbourg, traverse les Länder allemands de Saxe-Wurtemberg, de Hesse, de Rhénanie-Palatinat, de Rhénanie-du-Nord-Westphalie avant d’irriguer les Pays-Bas et de se jeter à Rotterdam dans la mer du Nord.
Forte reprise des trafics à la fin des années 40
Dès la fin des années 40, les troupes françaises d’occupation en Allemagne s’installent en Rhénanie dans cinq garnisons : Mayence, Bingen, Bad Kreuznach, Bad Neuenahr et surtout Coblence, la plus importante et siège du 2e corps d’armée. Elles fourniront un apport de transport d’hommes et matériels assez considérable à la DB qui naît en 1949 avec la scission de l’Allemagne en deux blocs : RFA et RDA avec capitales