Attendue pour 2030, la mise en service du tunnel euralpin Lyon-Turin devrait permettre à la ligne de Maurienne de développer considérablement son activité fret et de renforcer sa position en matière d’échanges internationaux. Retour sur l’histoire d’une ligne aux caractéristiques exceptionnelles qui s’est notamment distinguée en matière de traction électrique.
Cette artère ferroviaire longue de 98 km de la région Auvergne-Rhône-Alpes a un passé lourdement chargé à de nombreux points de vue. En effet son image hors normes s’appuie sur son implantation géographique en terre savoyarde et ses caractéristiques qui n’ont guère d’égal en France, tout comme ses coupures lourdes lors de la dernière guerre et celles accidentelles dues aux intempéries, et la traction électrique innovante générant des matériels particuliers. Son rôle international avec le réseau italien, fer de lance de son activité, auquel s’ajoute le trafic ponctuel de sports d’hiver non négligeable, va connaître le plus important bouleversement de son histoire mouvementée et complexe avec l’ouverture du tunnel de base en cours de creusement sous le massif alpin, lequel va révolutionner et surtout accélérer les échanges commerciaux entre les deux pays.
Vers le plus long tunnel ferroviaire français
Jusqu’ici, en dehors de plusieurs tunnels d’envergure à cheval sur les frontières (Mont-d’Or, Fréjus, Tende, Somport, Puymorens, Perthus), le plus grand tunnel exploité entièrement sur le territoire de la SNCF était celui de Marseille sur la LGV Méditerranée avec ses 7 835 m. Avec le tunnel du projet Lyon- Turin d’un développement de 57,5 km dont 45 en France, on se rapproche des autres grands ouvrages européens récemment construits : Lötschberg (34,6 km), Gothard (57 km), Transmanche (50,5 km) et en cours : Brenner (55 km), Koralm (33 km) et Semmering (27,3 km) en Autriche.
La ligne de Culoz à Modane (frontière), aussi appelée la ligne de la Maurienne en raison de la région géographique traversée, est une ligne ferroviaire française en région Auvergne-Rhône-Alpes, à double voie et à écartement standard. Elle relie Culoz, sur l’axe Lyon – Genève, à Modane et à l’Italie, par la vallée savoyarde de la Maurienne. C’est un axe majeur assurant la liaison entre la France et l’Italie, aussi bien pour les voyageurs que pour les marchandises.
La ligne de la Maurienne en une ligne ferroviaire de montagne, avec des déclivités très importantes (rampe maximale de 30 ‰) de Saint-Jean-de-Maurienne à Modane.
Elle est par ailleurs équipée d’installations permanentes de contre-sens (IPCS) avec les postes de Champfleury (entre Culoz et Aix-les-Bains), de Bois-Plan (entre Chambéry et Montmélian et de Berchettes (entre Saint-Michel-de-Maurienne et Modane).
La liaison vers l’Italie est réalisée grâce au tunnel ferroviaire du Fréjus (13688 mètres dont 6908 en France). La section entre Modane et la frontière franco-italienne est entièrement équipée selon les standards italiens, notamment la signalisation et l’électrification en 3000 V continu (certaines locomotives italiennes équipées en conséquence peuvent pénétrer dans le domaine de la gare de Modane sous 1500 V continu en fonctionnant à mi-puissance).
Chaque année, 44 millions de tonnes de marchandises traversent l’arc alpin occidental et, actuellement, plus de 90% d’entre elles transitent par la route. On estime qu’au moins la moitié de ces marchandises pourra transiter par la nouvelle ligne transfrontalière Lyon-Turin. La transformation de la ligne de montagne en chemin de fer de plaine permettra d’économiser 40% de l’énergie, ce qui rendra le transport ferroviaire plus compétitif, avec un bénéfice significatif pour l’environnement.
Pour réduire la pollution due au transport routier et d’augmenter les liaisons ferroviaires entre la France et l’Italie, les deux pays se sont engagés dans la construction d’un nouveau tunnel de base (tunnel euralpin Lyon-Turin), situé au pied des Alpes, afin de relier Saint-Jean-de-Maurienne à Suse. Long de 57.5 km, ce nouvel ouvrage sera le plus long du genre dans le monde. Il permettra d’ouvrir une nouvelle liaison rapide entre Lyon et Turin, et de diviser les temps de parcours, passant de 3h43 à 1h47. À l’horizon 2030, plus de 4.5 millions de voyageurs par an pourront emprunter cette ligne.