Les transports urbains français doivent beaucoup à l’ouest de la France où l’innovation est devenue une marque de fabrique. À travers cinq réseaux, tous très différents, plusieurs chapitres de la mobilité urbaine ont été écrits.
On a fini par l’oublier mais le transport public français doit une fière chandelle à Nantes. D’abord, c’est dans cette ville qu’a été inventé dès 1825 l’omnibus par Stanislas Baudry, avant même Paris qui attendra 1828. L’histoire est connue, l’officier en retraite qui ouvre un établissement de bains en périphérie et qui pour faire venir ses clients met des voitures à cheval à disposition. Devant le succès de ce service, il arrête les bains et se lance dans le transport. Et comme ses voitures stationnaient devant la boutique du chapelier Omnès, qui pour faire un jeu de mots avait inscrit en devanture Omnès Omnibus, « Omnès les coiffe tous », les Nantais prirent l’habitude de parler des omnibus pour désigner le nouveau mode de transport.
C’est également dans cette ville qu’est né le tramway moderne au milieu des années 80 à une époque où personne n’en voulait. En l’absence de réseaux modernes dans notre pays, le tramway aurait pu longtemps rester un simple concept, tout juste une idée parmi tant d’autres.
Il fallait qu’une agglomération s’y risque, mais il n’y avait alors quasiment aucun élu assez fou pour se lancer dans cette aventure. Sauf peut-être à Nantes où une jeune équipe arrive aux affaires. Sans ce pari risqué il y a près de 40 ans maintenant, notre pays ne compterait sans doute pas une trentaine de réseaux aujourd’hui.
Pourtant, dès les années 70, le constat est à peu près partout le même : la croissance automobile ne pourra pas se poursuivre à ce rythme encore très longtemps. Autrement dit, le rêve que nourrit chaque Français de posséder une voiture est en train de tourner au cauchemar. Les grands axes sont saturés et le stationnement devient progressivement totalement anarchique, les besoins devenant largement supérieurs aux possibilités offertes par la voirie.
C’est l’âge d’or des autoroutes urbaines et autres rocades, qui permettent à toujours plus de véhicules de venir encombrer les centres-villes. Le premier choc pétrolier met un coup d’arrêt à cette expansion anarchique, sans que le transport public puisse directement en profiter. Jusque dans les années 80, l’autobus est quasiment le seul mode de transport en commun, sauf à Paris avec son métro, bientôt suivi de Marseille en 1977 et Lyon en 1978.
Malheureusement ce « beau jouet » reste réservé aux plus grandes (et plus riches) villes de France, les investissements restant toujours hors de portée de la plupart des agglomérations.
Pourtant, il existe bien des solutions entre le métro et l’autobus, et nos voisins européens y ont largement recours. La plus efficace et la moins chère est sans aucun doute le tramway. La France qui est un pays moderne ne veut surtout pas en entendre parler. On sait (ou croit savoir) parfaitement ce qu’est un tramway, dont on s’est heureusement débarrassé au profit de l’autobus plus moderne et plus souple sur la chaussée. Malheureusement, le tramway en question est celui qui a survécu dans nos villes jusque dans les années 50, et qui après la guerre était arrivé à bout de souffle. Rien à voir avec le tramway moderne auquel nos voisins européens réservent désormais des sites propres.