« Le TGV, c’est la France », a lancé le président de la République en inaugurant la première phase de la LGV Rhin-Rhône, dans la gare nouvelle de Belfort-Montbéliard, le 8 septembre. Et comme cette inauguration a eu lieu, à quelques jours près, trente ans après celle du premier TGV, Nicolas Sarkozy a rappelé l’importance historique du programme TGV, et confirmé la deuxième phase de la branche Est tout juste achevée. Rappelant qu’en 2009 il avait demandé que près de 70 millions soient débloqués pour achever les études et engager les acquisitions foncières inhérentes à la construction de cette 2e phase, il a annoncé, comme le souhaitaient les élus régionaux, « le commencement des travaux au plus tard en 2014 ». Par ailleurs, nouvelle qui intéresse particulièrement la Suisse, la réouverture de la ligne Belfort – Delle est promise à l’horizon de 2015. Au-delà de la LGV Rhin-Rhône, ce sont quatre lignes, a rappelé le chef de l’Etat, qui sont dès aujourd’hui lancées, dont trois sont en travaux (SEA, BPL et 2e phase du TGV Est), tandis que le chantier du contournement de Nîmes et Montpellier devra commencer début 2012.
Le président de la République a aussi rappelé l’effort de renouvellement de voies en cours, qui se traduit par un doublement, avec 1 000 km par an, au lieu des 500 km qui ont été la règle entre 1994 et 2005. Effort indispensable, faute de quoi, si l’on en était resté au rythme précédent, « les experts prédisaient qu’il faudrait fermer à la circulation les deux tiers du réseau français d’ici à 2025 », a-t-il affirmé.
Concernant l’industrie ferroviaire, Nicolas Sarkozy veut aider à l’indispensable restructuration de la filière, afin qu’elle puisse conquérir des parts de marché. 150 millions seront apportés à l’Ademe, dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt sur le train à grande vitesse du futur. Si le mécanisme précis de cet apport n’est pas connu, on ne cache pas, chez Alstom, qu’il s’agit d’une excellente nouvelle. Récusant toute tentation protectionniste, Nicolas Sarkozy a insisté sur la nécessité d’une concurrence loyale, et déclaré : « J’entends demeurer extrêmement vigilant pour que l’ouverture de notre marché national s’accompagne aussi d’une ouverture réciproque sur les marchés intérieurs de nos principaux concurrents. » De plus, rappelant que le TGV français avait transporté 2 milliards de voyageurs en trente ans sans aucun accident sérieux, il a souligné, pensant évidemment à la Chine, que certains de nos amis n’ont pas eu cette chance, et martelé : « La sécurité fait partie de la loyauté de la concurrence. » Mais une large partie du discours s’adressait directement aux cheminots. Le président de la République a rappelé qu’à ses yeux la réforme de leur régime de retraite s’imposait, ainsi que la mise en œuvre d’un service minimum en cas de grève. Tout à fait conscient que ce discours ne plairait pas à ceux à qui il l’adressait, il a enfoncé le clou, en se plaçant dans la même logique que celle de la réforme générale des retraites ou que le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Autant de dispositions selon lui nécessaires pour limiter les dépenses passives, afin de se consacrer à l’investissement. Nicolas Sarkozy a de fait lancé les assises du ferroviaire, dont la séance plénière d’ouverture va se tenir le 15 septembre. Dans ce cadre, il lui paraît « fondamental que l’Etat puisse indiquer aussi bien à la SNCF qu’à RFF ce que sera la trajectoire de leurs coûts et de leurs recettes au-delà de 2013 et de manière pluriannuelle ». Dans un avenir plus immédiat, Nicolas Sarkozy n’a pas manqué de souligner que la période actuelle de développement et de renouvellement du réseau allait se traduire par une gêne auprès des usagers. Discours que tiennent déjà le gouvernement, la SNCF, RFF, et qui a été répercuté au plus haut niveau de l’Etat.
F. D.