Aux chemins de fer, à l’heure actuelle, le régulateur est celui qui a une vision globale du trafic et qui le gère. Mais les vaporistes ont aussi leur définition du régulateur… et celui-ci n’a pas à être capricieux ou déréglé. Surtout quand un enjeu médiatique se présente. En l’occurrence, c’est du régulateur de la 141 R 420, préservée par l’association Train à vapeur d’Auvergne, dont il est question…
Cela fait partie des semaines qui passent plus vite que d’autres et pourtant, dans mon milieu professionnel, elles passent déjà bien rapidement. Mon job ? Journaliste à Radio Vinci Autoroutes : le 107.7 sur la bande FM. Je suis une des voix derrière les poids lourds en panne, les accidents, les obstacles et, bien sûr, les bouchons sur le réseau autoroutier que ce soit sur la route des vacances ou non. Avec tout ça, pas le temps de s’ennuyer derrière les écrans de contrôle et la bonnette du micro. Je suis donc presque à des années-lumière du milieu ferroviaire. Presque, car il y a de cela sept ans, ma route a croisé à Clermont-Ferrand celle de la 141 R 420. Coup de foudre instantané pour cette machine aux accents américains qui me permet encore d’assouvir ma passion pour le chemin de fer.
On le sait, quand on annonce dans notre association, Train à vapeur d’Auvergne, qu’une « grosse séance » de travaux se termine, c’est que c’est bon signe. Voilà deux ans que la 141 R 420 n’a pas bougé à cause d’entretoises articulées qu’il fallait changer sur la chaudière. Ce week-end d’octobre 2019, ce n’était pas un week-end à louper et je savais par avance que c’était pour une chauffe d’essais.
Ça s’est organisé un peu au dernier moment. Je n’ai même pas pris la peine de demander à mon chef, à la radio, de me libérer dès le jeudi. Question organisation à l’antenne, ça aurait été compliqué pour lui. Tant pis, je n’assisterai pas à l’allumage de la machine prévu le jeudi soir pour une mise en mouvement le samedi, c’est comme ça. Cela fait une semaine que j’ai invité les médias à assister à cet événement devenu rare. Seul le journal auvergnat La Montagne a répondu. C’est un peu décevant, j’aurais aimé plus. Mais La Montagne est le journal le plus publié à Clermont et en Auvergne, autant leur faire honneur. Nous avons préparé le terrain avec le chef du dépôt et le responsable communication de la SNCF. Nous avons leur accord pour un photoreportage au sein du technicentre. Il ne faut donc pas qu’il y ait un grain de sable qui vienne se mettre dans l’engrenage bien huilé de cette opération. D’une part pour l’image de l’association, d’autre part pour le moral des troupes.
Bien sûr l’objectif, c’est de valider les travaux et de se faire plaisir. Mais si en plus on peut au passage mettre en valeur le patrimoine auvergnat et faire connaître l’association dans la presse, c’est gagnant-gagnant.
Ce vendredi-là, je rends l’antenne à Radio Vinci Autoroutes à 15 h. J’ai grosso modo 5 heures de route, je préviens les amis de la 420 que je pars d’Avignon où se trouve la radio par un petit coup de fil.
« Bah, ne te presse pas trop, y’a un problème… On a le régulateur de la machine qui ne bouge pas. Rien à y faire, ça coince. », me dit-on. Quand il y a un chantier sur la machine, il y en a quelques autres qui s’invitent. Une pompe qui a besoin d’être révisée, des tubes de la chaudière à changer, un peu de peinture à faire çà et là… Il ne manque jamais de travail sur une vapeur ! Durant les travaux sur la chaudière, quelques-uns des membres ont changé les soupapes du régulateur. C’est un peu « l’accélérateur » d’une locomotive à vapeur, il permet d’envoyer plus ou moins de vapeur dans les cylindres. Forcément, pas d’accélérateur, pas de montée en vitesse… plus de chauffe d’essais et ma visite de journalistes qui tombe à l’eau ! Et c’est là que tout s’emballe dans ma tête.