Fêtant ses 55 ans cette année, le train de l’île d’Oléron, qui reprend en version touristique la tradition des chemins de fer secondaires, est avant tout une formidable aventure humaine dont le succès ne se dément pas. Nous vous invitons ici à le découvrir…
Le projet d’un homme
Évoquer le train de l’île d’Oléron, c’est avant tout évoquer un homme : Pol Gala (1916-1995). Ancien médecin militaire de la Marine nationale, le docteur Gala est passionné de chemins de fer et reste dans la nostalgie du tramway de Royan, un chemin de fer secondaire qui a fonctionné de 1890 à 1945 et qui reliait Royan à Ronce-les-Bains. Détruit à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le trafic ne reprendra jamais et c’est donc d’abord vers un projet de reconstruction de ce tramway que le docteur va se tourner. Il abandonnera très rapidement car les emprises sont utilisées pour la construction de routes. Il a dès lors l’idée de transposer son projet dans l’île d’Oléron afin d’y construire un train à vocation touristique. Il n’est cependant pas dans ses intentions de ressusciter le chemin de fer secondaire qui exista sur l’île au début du siècle. En exploitation de 1904 à 1934, un réseau de 36,4 km, en effet, reliait Saint-Trojan-les-Bains à Saint-Denis-d’Oléron, avec un embranchement de 4,7 km pour rejoindre Boyardville à partir de Sauzelle. Ce chemin de fer secondaire ne survivra pas à l’essor des automobiles et autocars et les rails seront déposés durant la Seconde Guerre mondiale. Plus modestement, le docteur Gala constate que l’île d’Oléron, dans sa partie sud, présente deux plages quasi sauvages : Gatseau et Maumusson. Alors que la première est accessible en automobile (encore un luxe dans les années d’après-guerre), la seconde est par contre uniquement accessible à pied et il faut bien marcher 5 km à travers la forêt pour la rejoindre.
L’idée de Pol Gala est donc simple : construire un train secondaire pour relier le centre-ville de Saint-Trojan-les-Bains aux deux plages. Dès 1959, un groupe se forme autour de lui et commence à construire le dossier qui part d’une feuille vierge. Ils reçoivent rapidement le soutien de la commune de Saint-Trojan-
les-Bains et les démarches administratives peuvent commencer surtout auprès de l’administration des Eaux et Forêts, la majorité du parcours se situant en forêt. D’abord réticente, elle accorde finalement son autorisation au projet, y voyant un moyen de freiner l’urbanisation de la zone. Le projet, tel que décrit par les fondateurs, est en effet basé sur l’attrait touristique, mais permet également de décongestionner les zones de parking, de limiter les pointes de grosses circulations et relier au centre-ville des zones habitées (lotissements, campings). Dès 1961, les travaux commencent autour de la future gare de Saint-Trojan mais il faudra attendre le 23 mai 1962 pour que la Société à responsabilité limitée du Tramway touristique de Saint-Trojan (STTST) soit créée et que le tracé soit définitivement arrêté. Le chantier est titanesque. Il faut créer les infrastructures, trouver et financer les rails, le matériel moteur et le personnel. Mais le docteur Gala et son équipe ne se découragent pas et même si un bulldozer permet de faire le plus gros, c’est souvent à la simple force des bras que le chantier est mené. En parallèle, il faut abattre des arbres et retirer l’ensemble des racines pour éviter la repousse. Le nivellement doit être particulièrement soigné afin de respecter les impératifs concernant le degré de la pente et la qualité du sable posé.