Ouverte 18 mois après Montpellier-Sud-de-France, la gare de Nîmes-Pont-du-Gard, au centre d’un nœud ferroviaire stratégique, s’installe comme une nouvelle grande gare régionale.
Mais à quoi sert donc le contournement Nîmes - Montpellier (CNM) ? La question, un peu provocatrice, n’est pas sans intérêt. Cette première section de la LGV entre Nîmes et Montpellier ne permet pas encore des gains
de temps très importants pour les TGV de l’arc méditerranéen, à peine 15 min sur un Paris - Montpellier. Tant que la seconde phase entre Montpellier et Perpignan
ne sera pas en service, ce premier tronçon pourrait paraître un peu cher pour les résultats obtenus. Mais ce n’est sans doute pas dans cette direction qu’il faut chercher, du moins pas avant les futurs prolongements. Cette nouvelle ligne est mixte fret et voyageurs, ce qui apporte un début de réponse. Entre Nîmes et Villeneuve-lès-Maguelone, la ligne classique en limite de capacité à certaines heures est ainsi délestée d’une part de son trafic fret et TGV au profit du CNM. De précieux sillons ont ainsi pu être réattribués au profit du trafic local.
En juillet 2018 ouvre la première gare du contournement, Montpellier-Sud-de-France. Malheureusement, cette mise en service a surtout mis en avant les défauts de cette gare excentrée, mal desservie par les transports en commun, en attendant le prolongement du tramway attendu au mieux pour 2022. Les véhicules se rendant sur le site ont découvert la faiblesse des voies d’accès, vite saturées à l’arrivée et au départ des trains. Pour les voyageurs, c’est pire encore, notamment ceux ne connaissant pas la nuance qui existe entre la gare Saint-Roch du centre-ville et celle excentrée de Sud-de-France. Descendant du Ouigo, ils sont nombreux à découvrir que leur TER en correspondance les attend dans l’autre gare. Une navette autocar et un tramway plus tard, il peut s’écouler près de 30 à 45 min avant qu’ils n’arrivent sur le quai de Saint-Roch où parfois le TER ne les a pas attendus…
Aussi l’ouverture du CNM a surtout démontré la globalité du projet avec ses deux nouvelles gares de Sud-de-France et Pont-du-Gard. D’ailleurs le trafic des TGV au départ de Paris s’articule bien sur 2/3 Montpellier, 1/3 Nîmes.
Avec la mise en service de la nouvelle gare de Nîmes-Pont-du-Gard fin 2019, c’est l’ensemble des circulations sur l’arc méditerranéen qui est repensé. Du côté de la trame TGV, la SNCF semble bouder un peu le CNM. Certes, il y a un gain de temps pour Nîmes, Montpellier et au-delà vers Perpignan, mais cet avantage n’est pas mis en avant dans les horaires et la tarification. Il ne coûte pas plus cher de faire un Paris - Sète en 3 heures 28 (le plus court) qu’en 3 heures 55 (le direct le plus long) malgré les 27 min d’écart. Sur les 11 trains par jour entre Paris et Montpellier, sept empruntent la ligne classique contre quatre pour le CNM.
Mais la gare de Nîmes-Pont-du-Gard a également une autre fonction qui est d’assurer la correspondance avec les liaisons TER. Le report d’un certain nombre de trains sur la nouvelle ligne a permis de mettre en place une nouvelle offre TER, avec un renforcement des circulations entre Nîmes et Sète. Des nouveaux trains origine-terminus entre Sète et Lunel sont venus s’ajouter à la grille.
Vu sous cet angle, les deux gares de Montpellier-Sud-de-France et Nîmes-Pont-du-Gard apparaissent parfaitement complémentaires. L’impossible correspondance entre TGV et TER à Montpellier doit en fait s’effectuer à Pont-du-Gard.
La nouvelle gare a donc été pensée pour desservir la grande métropole de Nîmes ainsi que pour assurer les correspondances entre dessertes nationales et locales. Aussi le choix de son emplacement a été soigneusement étudié. Trois options étaient envisagées, Campagnol en correspondance avec la ligne du Grau-du-Roi, la rase campagne au sud de Nîmes et enfin Manduel proche de la halte de Manduel-Redessan. Offrant davantage d’opportunités, c’est ce dernier site qui a été retenu. Sa position stratégique place la nouvelle gare au cœur d’un nœud ferroviaire, avec la ligne TGV de Paris à Montpellier mais aussi l’axe TER entre Montpellier et les directions d’Avignon et Marseille. Un raccordement destiné aux trains de fret venant du CNM permet également de rejoindre la ligne de la rive droite du Rhône.