Déserté par les trains de fret depuis près de 10 ans, le raccordement du port de Blainville a repris du service cet été sur quelques kilomètres ! SNCF Logistics et STSI ont acheminé en effet quatre transformateurs venant par bateau de Suède pour la construction d’une station de conversion. Une réouverture timide mais précurseur on l’espère d’une éventuelle remise en service complète des 8 km du raccordement.
Les syndicalistes cheminots qui organisaient en 2018 un débroussaillage symbolique du raccordement de Blainville pour rappeler le potentiel de cette voie n’imaginaient pas que leur vœu allait être partiellement exaucé un an après ! Et les plus anciens travailleurs du rail résignés n’en reviennent encore pas, même si il est vrai que la renaissance de cette ligne fret n’aura, pour l’instant, pas grand-chose à voir avec les trafics passés. Inutilisé depuis la fin des années 2000, la végétation règne en maître sur le raccordement. Les emprises jonchées par endroits de déchets ont des airs de no man’s land et les traverses en croix placées au pont-rail métallique franchissant le cours Montalivet et l’Orne rappelaient tristement la réalité. Les ITE Nozal ou de l’AMO (Association des moulins de l’Ouest) sur le port de Caen, dont les voies classées C 3 ont été coupées par endroits, ne recevront plus de wagons. Entre déménagement d’usine, poids lourds rois ou renouvellement urbain, les trains au bord du nouveau bassin sont de l’histoire ancienne ! Lors de la construction d’un ouvrage hydraulique début 2000, la SNCF elle-même, soutenue par les écologistes, était intervenue lors de l’enquête publique pour demander la création d’un ouvrage permettant de maintenir la desserte fret de son client AMO. Un pont a été construit pour la route, mais pas pour la voie ferrée… Sur l’autre branche du raccordement maritime se dirigeant vers la zone industrielle de Blainville, coincée entre l’Orne et le canal, les trains n’ont en revanche pas sifflé pour la dernière fois ! Le vaste faisceau d’échange SNCF/SMN (Société métallurgique de Normandie) de Clopée, distant de seulement quelque 2 km de la gare de Caen n’existe plus, son trafic intense de wagons transportant les produits de l’usine sidérurgique vers le Réseau ferré national ou son port privé s’est éteint en 1993 à l’arrêt du complexe industriel. Mais plusieurs ITE dorment sous la végétation, dont les dessertes amenaient ou expédiaient des wagons de céréales, produits de carrière ou encore ferrailles… jusqu’à ce qu’elles soient victimes des plans fret SNCF.