Mise en service de Briouze à La Ferté-Macé le 6 décembre 1869, puis prolongée jusqu’à Couterne le 15 mars 1881, la ligne de Briouze à Couterne permettait la desserte de la station thermale de Bagnoles-de-l’Orne et fut au début du xxe siècle très en vogue. Au fil du temps, la ligne connaîtra le déclin qui entraînera sa fermeture au trafic voyageur le 17 février 1941 pour la section Bagnoles- de-l’Orne – Couterne. La desserte de Bagnoles, notamment au service d’été, permettra de maintenir un faible trafic avant que les derniers trains ne circulent en 1991. Abandonnée, la ligne tombera dans l’oubli, avec pour seule activité un vélorail au départ de Bagnoles-de-l’Orne.
Avant d’aménager le parcours en « voie verte », le conseil départemental de l’Orne vient de lancer la dépose de l’ensemble des équipements entre Briouze et La Ferté- Macé (environ 18 km). Entamés le 30 janvier 2017 au niveau de l’ancienne gare de La Ferté-Macé pour se poursuivre ensuite jusqu’à Briouze, les travaux se sont terminés à la fin du mois de mars par la portion située au sud de la gare de La Ferté-Macé.22
N’importe quelle ligne de chemin de fer en France ou ailleurs, ne gagne pas le status d’être abandonnée complètement, de tomber dans un oubli déchirant et de devenir un parcours de randonnée ou vélo, tout d’un coup, avec la vitesse d’un TGV ou d’un Intercités rapide. C’est un processus insidieux par étapes qui commence et se termine par l’indifférence et la négligence des voyageurs, des hommes/femmes politiques et des sociétés ferroviaires concernés. Après, c’est quoi? Après, c’est l’arrivée définitive et festive des marches/des balades à vélo du bien-être sur un terrain soigneusement réarrangé et dépourvu de rails (en murmurant de temps en temps, en pleine serenité, la mélodie et les paroles de THE TIMES THEY ARE A-CHANGIN’).
Quelles que soient les raisons qui aient motivé l’abandon de la ligne ferroviaire, on aurait dû conserver (peut être l’a-t-on fait d’ailleurs, mais je n’ai pas l’impression, et il y a quelques années que je ne me suis pas rendu dans les environs ) le franchissement en Z d’un dénivelé important pour repartir de la gare de La Ferté-Macé en direction de Bagnoles de l’Orne. C’est un système rare, peu employé au monde, qui nécessité un mouvement en 3 temps :
1/ arrivée marche avant à La Ferté-Macé
2/ marche arrière aiguillée sur une voie descendante menant à premier palier
3/ marche avant aiguillée sur une nouvelle voie descendante qui mène ensuite vers Bagnoles de l’Orne.
Si ces manoeuvres pouvaient s’effectuer relativement rapidement avec des trains automoteurs, imaginez le temps que cette manoeuvre requérait lorsque le vendredi soir, ou le dimanche soir pour le retour, les curistes ou autres touristes (car Bagnoles de l’Orne.est une très jolie ville qui mérite d’être vue et revue, ainsi que ses environs forestiers) arrivaient/repartaient avec des wagons DEV, déjà séparés (ou raccordés au retour) du/au train Paris-Granville en gare de Briouze. Pour une fois, la liaison autocar au départ d’Argentan a été beaucoup plus rapide, même si en termes de places assises et d’espace de stockage des bagages, on y perd sensiblement…
Je sais que la vente de billets car/train a été maintenue pendant bon nombre d’années après 1991 dans le bâtiment de la gare (aux voies bien vite attaquées par la rouille), bâtiment dont le style tendance Art-Déco méritait la photo (en extérieur comme sur les quais).
Triste fin pour cette ligne, comme pour beaucoup d’autres, mais qui m’aura incité à écrire ces quelques lignes compte tenu de ses spécificités.
C’est la grande mode de transformer nos lignes de chemin de fer de campagnes desservant les petites villes en voies vertes.
Pour expliquer la création de celle ci, les élus parlent de complémentarité avec le train pour les voyageurs en provenance de Paris Montparnasse en gare de Briouze.
C’est vrai que j’imagine le type qui prend un train à Paris avec son vélo, descend en gare de Briouze et parcours une vingtaine de kilomètres à vélo.
Remarquons que si c’est un curiste qui a mal aux jambes, cela va sûrement lui faire du bien.
Et pour rassurer les contribuables, on vous explique que grâce à la ferraille de la voie ferrée, la voie verte ne coûte rien…elle est pas belle la vie.
Il ne manque plus qu’une belle photo de famille des ingénieux élus du secteur de la Ferte Mace qui interviendra j’en suis certain lorsque les travaux seront terminés, histoire de se faire un peu de pub.