Depuis des décennies, les industriels veulent produire une locomotive universelle puissante, capable de remorquer des trains de voyageurs et de fret. De plus, elle doit être interopérable pour intéresser les opérateurs historiques, les nouveaux entrants et les sociétés de location dans un marché européen en pleine expansion. Avec plus de 2 500 exemplaires vendus depuis 1997, la Traxx répond à ces exigences, surtout en trafic fret. Nous vous présentons ici les premiers développements (les plus simples) de cette grande gamme de locomotives. Nous verrons par la suite pourquoi les générations plus récentes vont être plébiscitées.
La Traxx d’Alstom (ex-Bombardier, ex-Adtranz, ex-AEG) est indiscutablement un best-seller (2 500 exemplaires vendus depuis 1997). C’est Bombardier qui a conduit l’essentiel de sa production durant 20 ans, entre les années Adtranz et les années Alstom, et qui a trouvé le bon moment pour optimiser l’une des premières « locomotives électroniques », équipées de composants statiques, simples, fiables et moins onéreuses d’entretien que les « locomotives électromécaniques », faites de systèmes complexes et lourds. Le constructeur la propose sur un marché alors en train de se libérer, donc en plein essor, composé des opérateurs historiques, de nouveaux entrants et de sociétés de locations, les Rolling Stock Companies (Rosco). On n’oubliera pas l’interopérabilité, dynamisée par ces sociétés privées ou non qui font tout pour ne pas avoir à changer de locomotive, voire de conducteur, lors de la traversée des frontières. Bien entendu, les opérateurs historiques ont largement profité de ces nouveaux engins en renouvelant leur parc, contribuant aussi à leur succès. Fait nouveau : ces locomotives ont été entièrement mises au point par les constructeurs eux-mêmes, sans l’aide des grands opérateurs. Et aujourd’hui, on achète ou on loue de plus en plus de locomotives accompagnées d’un contrat d’entretien, celui-ci étant « à la carte » et pouvant s’étaler sur plusieurs années.
Afin d’alléger le texte, les explications des sigles et autres acronymes sont regroupées à la fin de l’article avec la traduction si nécessaire.
Dans les années 1990, la Deutsche Bahn possède plusieurs séries de locomotives électriques âgées nécessitant une commande de remplacement. Toutefois, outre ce renouvellement dépasse le programme de rajeunissement habituel puisque des séries récentes montrent déjà des signes de fatigue avec des frais de maintenance élevé et la DB série 103 est agressive pour la voie avec le bogie C à trois essieux. Un projet de commande très ambitieux aboutit à la commande de deux prototypes aux constructeurs habituels, Krauss-Maffei et AEG-Henschel.
Le constructeur TRAXX propose le prototype 128 001 construite par AEG et Henschel en 1994 pour remplacer les vieilles Einheitslokomotiven de la Deutsche Bahn. Tout comme son concurrent direct la 127 001 construite par Krauss-Maffei, elle utilise un moteur triphasé basé sur les locomotives DB série 120. Le prototype fut acceptée par la DB en tant que DB série 145 et livrées par Adtranz à partir de 1997.
Après les essais des prototypes, la 128 de TRAXX est devenue une plateforme modulaire (capable de tracter du fret ou des voitures de passagers). Elle est adaptable aux souhaits des clients en fonction de la puissance désirée, de la tension dans la caténaire et du rôle qui lui sera alloué: fret à forte puissance de traction, intercités rapides, trains de banlieue à forte accélération et freinage…
Quatre versions de TRAXX sont proposées: courant alternatif (AC), polycourant (MS), courant continu (DC), ou diesels-électriques (DE).
Les noms de modèles commencent avec une lettre indiquant l’application: F (Freight) – marchandises, H (Heavy Haul) – transport lourd, P (Passenger) – trains voyageurs regionaux et interurbains, S (High Speed) – grande vitesse. Le nombre suivant indique la vitesse maximale en km/h, puis deux lettres indiquent le type de propulsion, AC, DC, MS, ou DE. Finalement, il peut y avoir une indiciation de variation, comme un chiffre indiquant des versions évoluées, ou un « P » comme Power head pour tête motrice.