Avec ses 2,5 km, on dit de lui que c’est le train le plus long au monde. Le train minéralier de Mauritanie transporte le fer de la mine de Zouerate jusqu’au port de Nouadhibou sur l’Atlantique. Embarquement pour un voyage de 700 km sur l’unique voie ferrée du Sahara.
Un immense phare apparaît au loin. Il se rapproche tout doucement. Le voilà enfin. Trois énormes locomotives et plus de 150 wagons défilent devant nous dans un fracas assourdissant. Long de 2,5 km et pouvant peser jusqu’à 17 000 t, le minéralier est connu comme l’un des trains les plus lourds et plus longs au monde. Mis en service par les Français en 1963, il sert à transporter le fer de la mine de Zouerate jusqu’au port de Nouadhibou sur l’Atlantique, à travers plus de 700 km de désert.
Le voir entrer en gare de Zouerate est déjà un spectacle en soi ! Il y a d’abord les locomotives pimpantes de la Snim (Société nationale industrielle et minière de Mauritanie) dans leur livrée bleu et sable, toutes de marque General Motors, notamment de type SDL 40 ou SDL 70. Le minéralier en comporte deux, trois ou quatre, en fonction du tonnage du train. Vient ensuite une longue succession de wagons, d’une capacité de 80 ou 120 t. Aujourd’hui, la plupart d’entre eux sont « made in China », même si l’on peut encore apercevoir des spécimens datant des années 60 et de la période Miferma (société des Mines de fer de Mauritanie), l’entreprise française qui a exploité la mine jusqu’à sa nationalisation en 1974. Ainsi, le minéralier peut parfois compter jusqu’à 200 wagons. Enfin, le train se termine par les « divers queue » : des citernes d’eau et de carburant, d’abord, qui permettent de ravitailler les villages le long de la voie. Enfin, à la toute fin, deux voitures Soulé, destinées aux employés de la Snim, et la « dweira », une petite voiture voyageurs aux vitres défoncées. Le spectacle est impressionnant. Pendant de longues minutes, il n’en finit pas de passer !
Une fois arrêté, c’est l’effervescence au bord des rails. Ici, il n’y a pas de quai. Pratique pour décharger les voitures. Il faut dire que les passagers ne voyagent pas léger. Le trajet est long et il n’y a aucun service à bord. Il faut amener son couchage et sa nourriture pour les 18 heures de voyage ! La foule s’agite dans un pêle-mêle de 4 x 4, taxis, valises, cartons de marchandises et autres sacs, sans compter les troupeaux de chèvres ! Le train est emprunté aussi bien par des familles que par des commerçants qui vendent du bétail (chèvres et dromadaires) et des produits à Nouadhibou.
Nous prenons place à bord de la Soulé, une voiture à l’allure originale qui sert à transporter les employés de la Snim. Pour y accéder, il faut être pistonné. Le groupe employant plus de 10 000 personnes, dont une grande partie à Zouerate, il n’est pas difficile de trouver quelqu’un qui y travaille, ou au moins quelqu’un qui connaît quelqu’un… ! À la clé, une voiture disposant de deux compartiments couchettes, l’un de quatre places, l’autre de trois places, et entre les deux, une petite table à manger.
Il est 19 heures passées quand notre train se met enfin en route. Première surprise, il n’y a pas d’électricité ! Et pas d’eau non plus dans les sanitaires. « C’est une aventure rude », nous avait prévenus notre contact mauritanien, avant d’ajouter : « Moi, je ne prendrais le minéralier pour rien au monde ! »
Et pourtant, ce voyage s’annonce déjà grandiose. Dans la Soulé, il n’y a pas véritablement de fenêtres mais plutôt de petits hublots qui laissent tout juste passer la tête. Pas idéal pour observer. Alors, c’est simple. Si on veut regarder dehors, on ouvre la porte, sous le regard indifférent du convoyeur. Il faut juste faire attention à ne pas tomber ! À la sortie de Zouerate, le train nous offre des vues splendides sur le Kedia d’Idjil. C’est là, dans cette chaîne de montagnes aux teintes rouges et noires, culminant à 900 m, qu’est extrait le fameux minerai. Un paysage aux allures de Far-West que la vitesse du train nous permet aisément d’observer. La vitesse maximale autorisée sur la voie est de 60 km/h, mais très souvent, nous ne dépassons pas les 30 km/h…
Le train s’arrête une première fois à Fdérik, à 30 km de Zouerate, le temps de raccorder une rame de wagons pleins de poudre de fer. Des enfants courent le long des voies, grimpent sur des wagons abandonnés avant de se faire rappeler à l’ordre par quelques adultes. Une fois complet, notre train repart plein sud. Le soleil se couche déjà.