Dérivées des BB 7200 de la SNCF, les BB 1600 à 1800 surnommées « nez cassés » circulent depuis 38 ans aux Pays-Bas. Actuellement, ces locomotives, considérées comme les plus puissantes des NS, ont été en partie revendues à des opérateurs privés et le parc restant commence à être touché par les radiations.
En 1981, les NS commencent à recevoir la première série de locomotives « nez cassés » construites par Alsthom (alors avec un « h ») et MTE (Matériel de Traction Électrique), suite à un long test de la BB 7003 française aux Pays-Bas en 1975-1976. Ces locomotives pour courant continu 1 500 V dérivent des BB 7200 de la SNCF (de type « grandes cabines »), à hacheurs de courant à thyristors. Elles sont destinées à assurer du service mixte : des trains rapides internationaux, des liaisons intérieures accélérées aussi bien que des trains de fret. Elles diffèrent des locomotives françaises par l’adoption de la ventilation forcée, surtout utile pour le régime fret ; en outre, elles sont équipées de l’UM et de la réversibilité, notamment pour la remorque de rames à deux niveaux de première génération dites DDM-1 (Dubbel Dekker Materieel 1-Generatie), avec attelage à vis. Ces rames à étages sont indispensables dans un pays fortement quadrillé par des rames jaune et bleu nombreuses et fréquentes, particulièrement aux heures de pointe. Entre 1981 et 1983, 58 locomotives sont livrées par Alsthom et numérotées 1601 à 1658.
Dix ans plus tard, plus précisément de 1991 à 1994, une seconde série est livrée aux NS, par GEC-Alsthom cette fois, très semblable à celle de 1981 et numérotée 1701 à 1781. Les différences entre les 1600 et les 1700 concernent le type d’équipement de réversibilité, le freinage, ainsi que l’électronique, plus sophistiquée que celle des 1600. De plus, 28 d’entre elles (1701 à 1728) ont un attelage automatique à une extrémité (placé au-dessous de l’attelage à vis), ce qui les destine à la remorque des rames réversibles à deux niveaux de deuxième génération, les DD-AR (Dubbel Dekkers Agglo Regio Materieel). Ce matériel à deux niveaux pour des services suburbains aussi bien que régionaux possède l’attelage automatique ainsi qu’un équipement de réversibilité (mais incompatible avec celui des rames DDM-1 et des 1600). L’attelage à vis permet également une utilisation plus classique des engins. Les nouvelles « nez cassés » s’avèrent d’emblée comme les locomotives les plus puissantes et les plus économiques du parc des NS.
Les chemins de fer nationaux néerlandais, ou “Nederlandse Spoorwegen (NS)”, ont commandé 58 locomotives Alsthom & MTE type 1600 en 1978 et 1981. Toutes les locomotives ont été livrées au début des années 1980. Basées sur la classe SNCF BB 7200, elles ont été conçues par le designer industriel français Paul Arzens. En 1989 et 1991, les NS ont commandé 81 locomotives d’apparence similaire construites cette fois-ci par GEC-Alsthom, qui les a livrés entre 1990 et 1994. Ces machines de classe 1700 ont environ 10 ans de moins et sont techniquement une version mise à jour de la série 1600. Grâce au contrôle électronique de l’énergie, les BB 1600 et 1700 étaient les locos les plus économiques mais aussi les plus puissantes (6200 cv) du parc des NS. En 1999, la société ferroviaire néerlandaise a été découpée. Des entreprises distinctes pour le transport de passagers (NS Reizigers – NSR) et l’exploitation de fret (NS Cargo – NSC) ont été créées. Les 37 locomotives BB 1600 pour NSC ont conservé leurs numéros (1601-1637), les 21 autres machines pour NSR ont vu leur nombre augmenter de 200, pour finir en série 1800. En 2000, “NS Cargo” a fusionné avec “DB Cargo” et un nouveau nom de compagnie a été introduit: “Railion”. En 2002, 14 locomotives de la série (1623, 1624 et 1626-1637) ont été transférées de Railion à NSR. Au cours des dix dernières années, NS/Railion a vendu 25 de ses BB 1600 à d’autres sociétés. Beaucoup ont repris le service de divers (nouveaux) opérateurs ferroviaires, certaines ont été utilisées pour des pièces de rechange et ont finalement été mises au rebut. C’est absolument triste mais vrai que l’avenir ne s’annonce pas brillant pour les vétérans « nez cassés » ni en France ni aux Pays-Bas!