La fin, l’an dernier, des Mat’ 64 mettait un terme à une longue lignée d’autorails et d’automotrices qui ont constitué de 1934 à 2014 la base de la desserte cadencée régionale et Intercités aux Pays-Bas. Nous revenons à cette occasion sur l’histoire de cette grande famille de matériels dont les plus connus furent les « têtes de chien ».
Le Mat’ 64 peut être considéré comme la dernière génération des rames automotrices aérodynamiques bataves, qui laisseront dans les mémoires l’image de leurs silhouettes jaunes sillonnant le pays à intervalles réguliers. La carrière de cette série, datant de 1964 (d’où le 64 de Mat’ 64), forte de 277 rames Plan T (quatre caisses) et Plan V (deux caisses), dont le design est une version adoucie du célèbre design frontal « Hondekop » (« tête de chien »), a pris fin le 14 décembre 2014. Cet événement nous donne l’occasion de revenir sur toute une catégorie de Materieel (Mat) qui, pendant près de 80 ans, façonna la desserte du pays par un service cadencé en y introduisant la notion de réseau (ou maillage) : un vrai succès ! Pour ce matériel, l’échec n’est donc pas Mat’… C’est au début des années 30 que les Néerlandais tentent de résoudre le problème de la desserte régulière de leur pays, constitué de nombreuses villes de grande et moyenne importance et situées à des distances relativement courtes les unes des autres. En outre, ces villes doivent pouvoir être reliées par des itinéraires qui ne sont pas toujours les mêmes, cela afin d’obtenir des temps de parcours optimisés sur un maximum de relations (1). La solution à ce problème a été l’utilisation de rames automotrices articulées aérodynamiques véloces et réversibles, à traction électrique ou thermique et équipées de l’attelage automatique central (Scharfenberg). En effet, ces choix se sont avérés parfaitement adaptés à des liaisons rapides, fréquentes et demandant parfois plusieurs rebroussements. L’arrivée, dans les années 60, de matériels électriques à forte accélération mettra la cerise sur le gâteau… c’est ainsi que les rames Mat’ ont constitué de 1934 à 2014 la base de la desserte cadencée (régionale et InterCity) avec ses stoptrein (trains locaux) et ses sneltrein (trains express).
Les débuts La première série conçue avec ces caractéristiques est baptisée Mat’ 34 (pour « Materieel de 1934 »). Utilisant la traction thermique, elle est destinée aux services rapides entre les grandes villes, en attendant l’électrification des lignes Amsterdam – Utrecht – Eindhoven et La Haye – Rotterdam – Utrecht – Arnhem. Ce sont d’ailleurs les premiers trains diesels des Pays- Bas et leur forme aérodynamique était à cette époque révolutionnaire. De plus, la couleur gris clair choisie (au lieu du sempiternel vert que l’on retrouvait dans de trop nombreux pays) et l’aménagement intérieur confortable avaient frappé l’imagination. La rame automotrice Mat’ 34 comporte trois caisses sur quatre bogies, adopte la formule d’essieux 2′ (A1A)’ (A1A)’ 2′ et enferme deux moteurs Maybach ou Stork (ces derniers construits sous licence par Ganz) délivrant un total de 302 kW (Maybach) ou 276 kW (Stork). Un ensemble de 40 rames, numérotées 11 à 50, est livré en 1934-1935 par Werkspoor-Heemaf (11 à 25 et 41 à 50), Beijnes-Werkspoor- Heemaf (26 à 35) et Allan-Stork-Smit (36 à 40). (Les caractéristiques principales sont