Fermée en 1981, la section sommitale de la ligne de la Furka qui relie Disentis et Brigue en Suisse a célébré cet été le retour des locomotives de 1990 et les réouvertures successives de 2000 et 2010, fruit de la mobilisation de bénévoles.
La section sommitale de la ligne de la Furka avait été fermée à l’automne 1981. Long de 17,8 km, ce tronçon de l’ancienne Furka Oberalp Bahn (FO), réseau à voie métrique et crémaillère (système Abt), aurait dû disparaître avec l’ouverture l’année suivante du nouveau tunnel de base, long de 15,35 km, entre Oberwald et Realp. Avec ce tunnel, les cantons du Valais et de Uri étaient reliés ferroviairement toute l’année et plus seulement durant les beaux jours. Cette nouvelle situation a favorisé la naissance, en 1985, d’une société anonyme à but non lucratif, la Dampfbahn Furka-Bergstrecke AG (DFB AG), dont l’objectif était de redonner vie à la section sommitale dont la rampe maximale atteint 118 ‰. Les membres de l’association associée au DFB vont dès lors prendre en charge, à titre bénévole, sa reconstruction, son entretien puis son exploitation.
À sa mise en service en 1926, la traction de la FO était assurée en traction à vapeur. Il faudra attendre 1942 pour que la ligne qui relie Brigue à Disentis (96 km) soit entièrement électrifiée, mettant au chômage les locomotives. Quatre d’entre elles, construites en 1913 par SLM à Winterthur, ont été expédiées à Saïgon (Indochine à cette époque, Vietnam aujourd’hui) depuis Brigue en 1947. Jusqu’en 1975, elles ont roulé sur la ligne Thap Cham - Da Lat, longue de 43 km et comportant des déclivités de 120 ‰. Mais la guerre du Vietnam ayant entraîné l’abandon du chemin de fer sur les hauts plateaux vietnamiens, la Dampfbahn Furka-Bergstrecke a pu récupérer quatre locomotives. Elles sont revenues en Suisse en octobre 1990 via le port de Hambourg, dans le cadre d’une vaste opération intitulée « Back to Switzerland » : les 130 HG 3/4 DFB 1 « Furkahorn » et DFB 9 avec les 040 HG 4/4 704 et 708. Ces deux dernières n’ont jamais circulé en Suisse à leur mise en service. D’autres machines, en très mauvais état, ont été rapatriées par la même occasion afin de servir de réserve de pièces de rechange.