L’État est appelé à la rescousse pour soutenir l’économie, et 11,5 milliards d’euros du plan France Relance sont consacrés aux transports avec notamment une aide au ferroviaire et des investissements pour les mobilités du quotidien. Analyse de mesures qui peuvent paraître insuffisantes pour que s’opère un retour durable des voyageurs et des marchandises vers le ferroviaire.
L’épidémie de Codiv-19 aura peut-être du bon pour le ferroviaire français. Et pourtant, l’épisode des deux mois de confinement va laisser des traces. Dès le 16 mars le trafic est très fortement réduit pour accompagner la volonté du gouvernement de limiter les déplacements : 30 à 50 % d’offre proposée en moyenne en TGV, Intercités, TER et Île-de-France. En fin de semaine, ce sera 15 % des TGV, aucun Ouigo, 14 % des Intercités, 25 % des TER et 35 % de Transilien. Le service international est encore plus réduit : un seul AR en Eurostar vers Londres ou Thalys vers Bruxelles. Rien pour l’Allemagne, la Suisse, l’Italie y compris Thello et l’Espagne. Et la réduction se poursuivra les jours suivants pour ne garder côté Grandes Lignes qu’un AR par destination. En Île-de-France, la fréquentation chute de 90 % !
La libération apparaît enfin avec la fin du confinement pour le 11 mai. Mais les ardeurs d’un monde d’avant sont vite refroidies. Tout d’abord, techniquement, il faut un peu de temps pour remettre le système en route. Des milliers de rames ont été garées et quelques opérations sont nécessaires pour vérifier que tout va bien. Il faut aussi que le personnel soit présent. La remontée de l’offre est donc progressive entre le 11 mai et le mois de juillet.
Par ailleurs, il faut tenir compte des mesures barrières imposées : port du masque et distanciation physique qui imposent l’usage d’un siège sur deux. La mobilité retrouvée est assortie d’une limitation à 100 km voire d’autorisation de l’employeur en Île-de-France ou de réservation pour certaines régions. Comme de nombreuses entreprises restent fermées ou favorisent le télétravail, la fréquentation ne remonte pas vite.
Le 2 juin, la barre des 100 km disparaît ainsi que les réservations en TER et l’attestation parisienne (le 16 juin). Pour le TGV, si la SNCF annonce 100 % de l’offre dès juillet, les réservations ne suivent pas. Certains trains sont même supprimés. Finalement, il y aura tout de même 8 millions de voyageurs en juillet et 8,5 millions en août avec un taux de remplissage d’environ 80 %. Ouigo fera même son record de billets en juillet. La baisse est donc limitée à 15 ou 20 % par rapport à l’été dernier. Cette situation s’explique par une politique volontariste de petits prix avec beaucoup d’achats de dernière minute, des possibilités étendues de remboursement ou d’échange, et surtout une forte affluence de vacanciers français en France. Avec une offre aérienne encore faible et malgré l’usage de la voiture individuelle, le train s’en sort plutôt correctement.
En Île-de-France, l’absence de touristes étrangers et les risques de promiscuité laissent des transports globalement peu fréquentés. Cette période de mars à juin va laisser des traces. D’abord dans le portefeuille. La SNCF chiffre à 4 milliards le manque à gagner pour TGV et Intercités. D’où le forcing pour refaire circuler les trains rapidement et vendre 100 % des sièges. Pour TER et Île-de-France, les pertes de recettes sont chiffrées à 4 milliards d’euros aussi dont 2,6 milliards en Île-de-France. Pour son réseau de bus, Transdev estime les pertes à 120 millions d’euros avec une baisse de recettes sur l’année de 50 %.