Depuis octobre 2008, Lausanne, en Suisse, a son métro. Du coup, Rennes a perdu le titre de plus petite ville du monde dotée d’un tel moyen de transport, qu’elle détenait depuis l’ouverture de la ligne A en mars 2002. Evidemment, personne ne parle de concours ! Les élus des deux villes en sont convaincus : le métro était LA solution, compte tenu de la configuration des lieux. A Rennes, imposer la ligne A n’a pas été une partie de plaisir pour l’équipe d’Edmond Hervé, qui fut maire de 1977 à 2008. Etait-il bien raisonnable de se lancer dans une telle aventure dans une si petite agglomération ? Partis sur un tram en 1984, les Rennais se sont intéressés à un métro automatique à gabarit réduit à partir de 1987. Ils en ont adopté le principe en 1989, mais diverses oppositions, à commencer par celle de l’Etat, ont retardé le projet. Finalement, les élections municipales de 1995 ont servi de référendum : la victoire sans appel d’Edmond Hervé l’a relancé. La ligne A du métro rennais a été ouverte en mars 2002. Longue de 8,6 km, elle a coûté au final 550 millions d’euros (valeur 1995). Elle compte quinze stations, dont quatre dans le centre-ville (Gare, Charles-de-Gaulle, République et Sainte-Anne), et dessert deux quartiers populaires sur quatre (Villejean et Le Blosne), les trois gros pôles hospitaliers de l’agglomération et le campus de Villejean. Côté technique, Rennes a choisi le Val 208 de Matra Transport (entité maintenant absorbée par l’allemand Siemens), dont les 24 rames sont longues de 26 m. Il faut un quart d’heure pour traverser la ville d’un terminus à l’autre, avec un taux de ponctualité de 99,95 %. Le succès du petit métro rennais a été immédiat, dépassant les espérances. Au bout de six mois, il voyait passer quelque 95 000 passagers quotidiens, soit presque les 100 000 envisagés au bout de dix ans ! Aujourd’hui, la ligne a transporté environ 115 000 voyageurs par jour en semaine – avec des pointes dépassant les 130 000 –, 65 000 le samedi et 22 000 le dimanche. Soit en tout 43 % des déplacements sur le réseau Star. Le métro circule de 5h15 (7h20 le dimanche) à 0h35. Il passe toutes les 2 à 4 minutes quelle que soit l’heure (et plus souvent encore aux heures de pointe). La ligne sera entièrement remboursée en 2010. L’exploitation atteint maintenant le petit équilibre, avec des coûts suffisamment bas pour maintenir la contribution de la collectivité au fonctionnement des transports en commun à un niveau que bien des agglomérations envient… Reste que cet engouement extraordinaire pour le Val rennais a aussi un côté un peu inquiétant… Que faire si la fréquentation continue à augmenter ? D’ores et déjà, l’agglomération pense à acheter de nouveaux véhicules. Mais une chose est sûre : on ne pourra pas rallonger les rames, comme cela est envisagé à plus ou moins long terme à Lille et Toulouse : les stations n’ont pas été prévues pour, et les travaux seraient ruineux. Un bon moyen de gagner en capacité serait de construire une arrière-gare au terminus Kennedy (au nord-ouest), ce qui n’a pas été fait à l’origine par souci d’économie. Les rames s’y arrêtent sur un quai unique avant de repartir dans l’autre sens. Du coup, la fréquence minimale est limitée à 1 minute 30, contre un très théorique 1 minute 07 à Lille ou Toulouse. Il reste cependant encore un peu de marge, puisque la fréquence minimale est actuellement de 1 minute 40… Creuser derrière le terminus devrait coûter environ 75 millions d’euros, un investissement qui pourrait être envisagé dans une dizaine d’années, après l’ouverture de la ligne B. Rennes Métropole en est de toute façon convaincue : le meilleur moyen d’éviter la saturation de la ligne A est de construire la ligne B.
Réalisé en partenariat avec Rennes Métropole