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De Palma à Sóller avec le train insulaire

7 mai 2013
- -
Par : Samuel Delziani

La cathédrale de Majorque est là, sa silhouette imposante se découpant sur le fond bleu du ciel. Elle domine de tout son poids la mer Méditerranée qui entoure la plus grande île des Baléares, un archipel qui en compte quatre autres : Ibiza, Minorque, Formentera et la petite île de Cabrera. Mais Majorque est la seule qui s’enorgueillit d’une ligne de chemin de fer : le train de Sóller.
La capitale de la communauté autonome des Baléares est une ville tournée vers l’extérieur, elle descend naturellement vers son port, le plus important de l’archipel et qui, en pleine saison, charrie un flux continuel de touristes venus de la rive nord de la Méditerranée, la peau rosée blanchie par une crème solaire indispensable et qui rempliront tout l’été une multitude de clubs de vacances sur les plages et de villas accrochées à flanc de falaise.
Mais en cette période de l’année, le port et la ville sont bien plus calmes et se laissent aller à une certaine indolence méditerranéenne. Une perpétuelle brise rafraîchit un air déjà chaud et les terrasses des cafés sont bondées.
L’usage immodéré du béton par les promoteurs immobiliers et le tourisme, essentiel à l’économie de l’île, n’ont pas altéré le charme de la ville. La culture et la langue catalanes sont ici bien présentes, malgré les 10 millions de touristes qui visitent l’archipel tous les ans. Les différents styles architecturaux apparus au fil de la dense histoire de la cité sont toujours là : roman, gothique, baroque ou moderne. Ils se mélangent et parfois même se superposent. À Palma, les références à l’art contemporain sont partout et participent à l’identité de la ville qui compte nombre de galeries et de musées.
N’hésitez pas à franchir la porte des bâtiments afin de dénicher ces patis (patio) cachées et protégées de la chaleur parfois torride, héritages de la domination arabe qui s’exerça ici jusqu’au XIIe siècle. Reconquista ou pas, les nouveaux maîtres de l’île perpétuèrent cette tradition architecturale. Partout dans la ville, vous en trouverez accessibles au public.
Larges avenues commerçantes, petites ruelles tordues ou places remplies de bodegas, le vieux Palma se parcourt à pied. En longeant le front de mer à partir de la cathédrale en direction du port, on tombe sur une masse défensive impressionnante. Là, se dresse le palais de l’Almudaina que George Sand décrit ainsi lors d’un séjour en 1838 : « rien de plus irrégulier, de plus incommode et de plus sauvagement Moyen Âge que cette habitation seigneuriale ; mais aussi rien de plus fier, de plus caractérisé, de plus hidalgo que ce manoir (…) » Et effectivement sa masse inspire la plus profonde déférence. Ce bâtiment accueille d’ailleurs le roi Juan Carlos lorsqu’il se déplace dans l’île. Après avoir arpenté Palma, il est l’heure de partir pour Sóller. Le départ de la capitale majorquine se fait dans une petite gare, Plaça Espanya, à proximité de la gare multimodale moderne qui centralise les différents modes de transport de l’île.
Dans la douceur agréable d’un début de journée printanier, le train de Sóller entre en gare dans le crissement des essieux qui réveillent les voyageurs attendant patiemment sur le quai ou sirotant un café à la buvette de la gare. Le matériel roulant est le même que le jour de sa mise en service, même si la cabine de conduite a été modernisée. Quand le train s’ébroue, il craque de partout. Le train est une antiquité sur rail. À l’intérieur, un extrait du règlement datant du 8 septembre 1878, diffusé alors dans les trains espagnols, est placardé dans la voiture où je me suis installé. À côté, c’est la reproduction d’un dessin de Miró, l’artiste symbole de la culture catalane, qui rappelle, une fois de plus, l’attachement qu’il portait à l’île (voir encadré p. 51).
La voie unique, à l’écartement de 914 mm, passe d’abord des faubourgs urbanisés. Très vite, elle longe des plantations d’oliviers, d’amandiers et de figuiers, dont le parfum pénètre à l’intérieur des voitures par les vitres ouvertes. La lenteur du convoi offre au passager le temps nécessaire pour contempler le paysage. Le petit train dessert alors la ville de Buñola où se situe une belle église baroque du XVIIIe siècle. Puis, il traverse des forêts de pins et déjà la Serra de Alfabia (1 067 m), le point culminant de la ligne, se profile. La voie franchit l’obstacle grâce au tunnel Major le plus long – 3 km – des treize tunnels que compte la ligne. Peu après, l’arrêt au Mirador Pujol de’n Banya présente un double intérêt. D’une part, il permet aux touristes d’admirer et de « mitrailler » l’impressionnante vue sur la vallée d’Or, la ville de Sóller et sur la Serra de la Tramuntana. D’autre part, les deux trains qui opèrent sur la ligne peuvent ainsi se croiser grâce à une courte section en double voie. Après quelques minutes d’attente, le train en provenance de Sóller sort du tunnel, les phares bien allumés. Après une heure de trajet à travers la campagne majorquine, et après une descente en boucle d’où l’on aperçoit le viaduc de Monreals, un ouvrage d’art impressionnant de 52 m de hauteur, que le train vient de franchir quelques minutes auparavant, et c’est l’arrivée en gare de Sóller. Terminus, tout le monde descend ! La petite gare blanche impeccable, au style Art nouveau, accueille une exposition permanente d’œuvres d’art signées par Miró et Picasso. Le dépôt possède encore sa plaque tournante et des bâtiments anciens protègent locomotives et divers engins de maintenance.
La ville de Sóller est une bourgade animée. La place en face de la gare est perpétuellement occupée par un mélange de touristes, d’étudiants et de familles profitant du temps qui passe à la terrasse d’un café. Les amoureux d’Art nouveau y visiteront le musée Ca’n Prunera, ouvert grâce au soutien de la fondation Tren de l’Art, une institution liée à l’entreprise concessionnaire des chemins de fer de Sóller.
L’île compte de nombreux trésors. Deia, petit village aux ruelles escarpées et aux places ombragées. Avec sa petite église et son cimetière attenant dominant la localité et où les morts jouissent, pour l’éternité, d’une vue imprenable. Valdemossa et sa chartreuse royale qui accueillit en son temps le couple George Sand-Chopin. L’île compte nombre de plages et de criques, des chemins de randonnée et même un parc ornithologique. Majorque est une île internationale, sans pour autant avoir altéré son identité, elle est accueillante. La communauté allemande affiche 22 000 ressortissants (7 % de la population), tandis que les Britanniques sont plus de 12 000 à avoir élu domicile dans l’île. De nombreux visiteurs, venus l’espace d’un court séjour, semblent n’être jamais repartis. Majorque est ce genre d’endroit où le voyageur s’imagine facilement pouvoir s’installer. Définitivement. Au moment où sonne l’heure du retour, on hésiterait presque…

Samuel Delziani
Photos : Marion Bonnet, Samuel Delziani et Michel Barberon



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