Cathédrale d’acier et de verre datant de 1898, la halle voyageurs de Saint-Jean accuse son grand âge. Classée, elle sera rénovée par RFF pour l’arrivée de la nouvelle LGV.
Cette fois c’est sûr, la rénovation de la grande halle voyageurs de la gare de Bordeaux-Saint-Jean est décidée. Aucune intervention n’avait été programmée depuis le milieu des années soixante-dix. RFF, devenu le propriétaire de l’ensemble des infrastructures, a lancé un programme de remise en état de ces halles. Sur Aquitaine et Poitou-Charentes, après celles de La Rochelle et Pau, c’est au tour de Bayonne et de Hendaye d’être actuellement traitées. Celle de Bordeaux, cathédrale d’acier et de verre, est un ouvrage d’art d’une tout autre dimension. Terminée en 1898, longtemps la plus vaste d’Europe, son aspect aujourd’hui peut être résumé par ces qualificatifs : majestueuse, mais dégradée. « La structure est solide mais vieillissante, remarque Jean- Dominique Lameyre, chef de projet à RFF. Ceci en raison de son âge, des intempéries, sans oublier les défauts d’entretien. » Le diagnostic établi fait état de désordres sur poteaux, fermes, appuis et pannes. De nombreuses zones sont corrodées, des pans de verre sont cassés ou manquants, la peinture fortement altérée assombrit les quais. Voici quelques années, une mise en sécurité avec pose de filets a été effectuée avec le concours d’alpinistes.
La mise en place d’un tel chantier représente « un sujet important, qui fait l’objet de nombreuses réunions avec la SNCF et les services de sécurité ». L’installation d’un échafaudage géant et d’un plancher dans une gare en exploitation, où le trafic et l’affluence ont fortement augmenté, est délicate. « Le montage s’effectuera la nuit et les ouvriers opéreront le jour, dans un espace protégeant les voyageurs. » Le verre et le polycarbonate pourraient alterner au niveau de la couverture. Un choix qui est soumis à la décision de l’architecte des bâtiments de France. Tout comme la peinture. Rien n’est arrêté à ce jour. En 114 ans, les lambris ont été peints 15 fois. Un document d’origine indique « bleu pour les fers, blanc pour les bois ». Peut-être bientôt les mêmes couleurs ? Le projet détaillé sera connu en 2013. Le devis se monte à plus de 30 millions d’euros, financés à 100 % par RFF, le maître d’ouvrage, qui a délégué un mandataire, Systra, la main-d’œuvre étant confiée à Setec-TPI. Le début des travaux est programmé pour 2014. Vingt-quatre mois seront nécessaires. Pour l’arrivée du TGV par la ligne nouvelle, la halle aura retrouvé une luminosité qu’elle n’a pas eue depuis bien longtemps.
Construite dans le style de la galerie des machines de l’Exposition universelle de Paris en 1878, la halle voyageurs de Bordeaux-Saint-Jean est longue de 299,70 mètres et large de 57,80. Elle possède 33 fermes de 57 mètres d’ouverture. La hauteur au-dessus des voies à l’aplomb du faîtage est de 26 mètres. 1 450 tonnes de métaux ferreux ont été utilisées. La surface couverte – zinc et verre coulé – est de 17 310 m2. Elle fut construite avec l’aide d’échafaudages roulants supportant deux planchers superposés et d’une grue positionnée à 19 mètres du sol. Un exploit pour l’époque, à l’image de l’ingéniosité de ses constructeurs, les « ateliers de Creil, Dayde et Pille ». Elle est inscrite à l’Inventaire des monuments historiques depuis le 28 décembre 1984.