L’annonce, le 16 février, de la prise de participation de 45 % dans le capital de BLS Cargo par SNCF Logistics n’a pas suscité de vives réactions en Suisse. Les commentaires n’ont pas été d’une ampleur comparable à ceux formulés alors que l’éventualité d’un rapprochement des branches fret des CFF et de la SNCF était discutée. Ce décalage atteste que la perception à l’étranger de l’opérateur français a depuis évolué, mais aussi, que les modalités du partenariat BLS Cargo-SNCF Logistics sont claires.
Il s’agit en l’occurrence, grâce à une coopération accrue aux frontières, de développer l’activité des deux groupes de Rotterdam à Gênes. BLS Cargo souligne que son modèle économique est proche de celui des Captrain et que la prégnance des flux Nord – Sud, dans leurs activités respectives, leur est commune. Mais les deux parties ont en l’état des positionnements différents sur le corridor précité. BLS Cargo est très actif dans le domaine du combiné, alors que les filiales au Benelux, en Allemagne et en Italie de SNCF Logistics sont avant tout présentes sur le segment du fret conventionnel. Parallèlement, les deux camps se connaissent fort bien. Alors que le groupe SNCF est le deuxième client de BLS Cargo, ses filiales étrangères sous-traitent, hors de Suisse, une part importante des trafics dont l’entreprise helvétique a la responsabilité. Avec le nouvel accord, la compagnie bernoise explique qu’elle va intensifier son recours aux Captrain sur le corridor Rotterdam – Gênes. À l’inverse, la même logique devra s’appliquer aux Captrain, vis-à-vis de BLS Cargo, pour le transit via la Suisse. Cette option nécessitera de renforcer la coopération aux frontières et d’une certaine manière aussi, d’appliquer les mêmes standards de qualité. Nul doute qu’une fois validé par les autorités compétentes, le rapprochement de BLS Cargo avec SNCF Logistics impliquera des échanges d’expériences et d’expertises soutenus…
BLS Cargo se propose d’assumer le pilotage stratégique de la nouvelle collaboration, tout en expliquant qu’elle constituera un sérieux atout pour les futurs appels d’offres internationaux. Mais l’opérateur bernois souligne que sa « souveraineté » entrepreneuriale n’est pas pour autant remise en question. Son modèle économique et son positionnement (neutre) vis-à-vis de la clientèle vont rester inchangés. Les coopérations en cours, avec d’autres entreprises ferroviaires ou prestataires (comme RAlpin pour la Rola Fribourg – Novare), ne seront pas non plus affectées par le nouvel accord avec le groupe français. Par ailleurs, le siège de BLS Cargo, avec tous ses services commerciaux et de suivi en temps réel de l’exploitation, restera à Berne. Il en va de même pour tout ce qui relève de la production : l’entreprise helvétique gardera la haute main sur ses conducteurs, ses locomotives et ses ateliers.
Vu de Suisse, l’accord passé entre BLS Cargo et SNCF Logistics a les atours d’un pacte gagnant-gagnant ponctuel, centré sur les flux Nord – Sud, précisément défini dans son périmètre. Selon BLS Cargo, il ne devrait pas avoir d’incidence sur les coopérations SNCF-CFF Cargo (qui déclare laconiquement avoir pris connaissance du partenariat) que sont Sibelit et le wagon isolé.