On ne l’a que trop dit : l’argent est le nerf de la guerre. En tout cas, il semble devenu, plus que jamais, celui de Nuremberg ! L’an passé à la même époque, nous déplorions, ici même, les « vides » inhabituels laissés dans la halle 4 A, dédiée au modélisme ferroviaire, lors de la célèbre « Spielwarenmesse » (foire du jouet) traditionnellement organisée, le premier week-end de février, dans la capitale de Franconie. La lecture, quelques semaines plus tard, de la presse étrangère spécialisée confirmait grandement notre sentiment. L’un de nos confrères allemands s’insurgeait même de la présence d’un exposant chinois qui avait investi un espace considérable dans la halle 4 A… pour présenter ses ballons et autres cotillons ! Presque neuve puisque construite entre 2005 et 2006, la plus belle halle de ce parc des expositions de Nuremberg avait vite été choisie pour accueillir la « planète trains », sa pléthore de fabricants et d’artisans, et sa foule de visiteurs, si dense parfois qu’il se créait d’incroyables embouteillages humains dans les allées. Sauf que, depuis deux ans, cette effervescence semble définitivement reléguée au passé. Les trois derniers « gros » que sont aujourd’hui Märklin, Roco-Fleischmann et Hornby, ont bien sûr résisté contre vents et marées, mais combien de « petits » s’en sont allés ? Les fabricants de matériel roulant pour tramways illustrent bien le phénomène. Déjà l’an dernier, même les plus établis, tels l’allemand Herrmann & Partner ou le suisse Navemo, étaient déjà partis. Seul Günther Hödl, le régional de l’étape, avait encore pu s’offrir un tabouret et une simple étagère en lieu et place de son beau stand des temps jadis. Lui-même se demandait d’ailleurs s’il allait revenir en 2016. Finalement, il est bien revenu, disant s’être laissé convaincre par une légère baisse du prix au mètre carré, mais il ne se hasarde plus aujourd’hui à aucun pronostic quant à sa présence l’année prochaine : c’est devenu trop cher pour exposer à Nuremberg ! Cette année, les « vides » étaient encore là, et dans les allées devenues trop larges, on ne se bousculait décidément pas. Le bruit courrait même qu’en 2017 le modélisme ferroviaire pourrait déménager de la halle 4 A, voire être disséminé dans les autres parties du Salon. Espérons vraiment qu’il n’en sera rien…
Le petit train serait-il alors, à nouveau, dans le creux de la vague ? Là encore, l’argent est au coeur du problème. Trop longtemps, les prix des modèles ont été tirés vers le haut. La faute, sans doute, à quelques pratiquants trop exigeants, qui ont mené la vie impossible aux fabricants. Déjà Lima, en son temps, avait été l’un des premiers à dénoncer cette absence totale de compréhension de la part de certains modélistes vis-à-vis d’indispensables compromis entre faisabilité industrielle et restitution maniaque des plus petites particularités de chaque engin d’une série. Le résultat ne s’est d’ailleurs pas fait attendre. De petites merveilles sont certes apparues sur le marché, mais à des prix hors de portée des plus jeunes, qui ont préféré se reporter – signe des temps – sur les jeux vidéo de simulation ferroviaire. Cependant, tout espoir n’est pas perdu. Les fabricants ont parfaitement réagi, et la tendance nouvelle est à la baisse des prix. Une offre systématique pour débutants, à la fois bien pensée et bien construite, se met progressivement en place. Le fabricant Märklin en constitue un bel exemple. Il faut saluer aussi l’excellente initiative de la marque Fleischmann qui, sous le label Starter, ressort d’anciens moules pour remettre sur le marché, à des prix extrêmement compétitifs, de nombreuses références disparues qui, certes, ne sauraient rivaliser avec les dernières avancées techniques en matière de finesse de reproduction, mais n’en sont pas moins des produits appartenant à la catégorie du « vrai modélisme ». Quant à la dramatique fermeture des détaillants, qui étaient pourtant la vitrine même des fabricants, un rééquilibrage vis-à-vis de la vente en ligne paraît s’organiser : Roco et Fleischmann vendront désormais au même prix leurs modèles, quel que soit le nombre commandé, et envisagent même des conditions plus avantageuses pour les détaillants.