Depuis juin dernier, la coopérative Railcoop a progressé sur de nombreux plans pour la mise en place de ses futurs services ferroviaires sur le Réseau ferré national. De nouveaux collaborateurs issus de la SNCF et de nouveaux sociétaires (notamment le syndicat ferroviaire du Livradois- Forez) ont rejoint la coopérative. La première assemblée générale a validé le capital social suffisant pour obtenir la licence d’entreprise ferroviaire et la demande de licence a été déposée durant l’été, tout comme celle du certificat de sécurité unique. L’instruction de ces deux documents est en cours par les services concernés. Durant l’été, la coopérative a conclu un accord avec l’organisme de formation ferroviaire agréé par l’EPSF Digirail et a également lancé une levée de fonds via la plateforme collaborative Lita.co. Finalement, 509 100 euros ont été réunis et le capital social est maintenant d’environ 3 millions d’euros(1). À ce jour, plus de 9 000 sociétaires sont membres de Railcoop.
Pour les services voyageurs, les sillons du Lyon – Bordeaux ont été commandés. À leur rendu par SNCF Réseau, plusieurs ajouts d’arrêts pourront être confirmés, notamment Thiviers et Lyon-Perrache. L’opérateur justifie le choix de Lyon-Perrache comme tête de ligne au lieu de Lyon-Part-Dieu comme annoncé en juin dernier par plusieurs raisons : la saturation de la gare de Part-Dieu, l’intermodalité de la gare de Perrache (transports urbains mais également des TER pour Saint-Étienne, Saint-André-le-Gaz, Valence ou Mâcon ne transitant pas par Part- Dieu), sa présence sur l’itinéraire reliant Part-Dieu au dépôt de Lyon-Vaise où aura lieu le plein de gasoil du train de soirée ou de matinée. La dernière raison est la présence dans le plan de transport futur d’un Montluçon – Lyon- Part-Dieu – Lyon-Perrache – Limoges, effectuant une boucle à 180° sans rebroussement dans le noeud lyonnais.
Toutes les circulations seront assurées par neuf X 72500 tricaisses ex-Rhône-Alpes, les négociations pour leur cession à la coopérative sont en cours. Une fois celles-ci abouties, Railcoop pourra procéder à leur rénovation et les sociétaires pourront commencer l’élaboration de leur future livrée.
Conformément à la législation sur l’ouverture à la concurrence, les nouveaux entrants dont fait partie Railcoop ont droit à des espaces dans les gares qu’ils desserviront. La coopérative nous confirme qu’ils seront tous équipés d’un guichet de vente tenu par du personnel.
Conformément au principe d’une coopérative, plusieurs cercles de réflexion existent au sein de celle-ci. On citera les cercles modélisme ferroviaire, services en gare, restauration à bord, les cercles locaux de Lyon et Bordeaux ainsi que le cercle SA 2023. Ce dernier cercle a ainsi planché sur de nouvelles lignes. Plusieurs critères ont été pris en compte par les sociétaires (contraintes d’exploitation, impact environnemental, possibilité de correspondances entre les lignes pour créer un réseau Railcoop, temps de trajet des liaisons…). Ces réflexions ont conduit la coopérative à déposer auprès de l’Autorité de régulation des transports (ART) des notifications pour neuf nouvelles lignes pour le SA 2023 (voir carte).
Tout comme le Lyon – Bordeaux, ces lignes créent des connexions qui n’existent pas ou peu avec l’offre ferroviaire actuelle, comme Annecy – Marseille via la ligne des Alpes ou Le Croisic – Bâle via Dijon. Deux AR par jour ont été demandés sur l’ensemble de ces lignes et des X 72500 en UM2 ou en US pour les missions avec coupe/ accroche sont annoncés. Ce choix nous est justifié par Railcoop car lors de la notification à l’ART il est nécessaire de désigner un matériel de référence et les X 72500 sont pour l’instant la seule piste avancée. Railcoop rappelle néanmoins que les recherches de matériel roulant continuent et que le dépôt de ces demandes ne garantit pas un lancement effectif au SA 2023, qui dépendra d’autres critères comme la possession effective de matériel roulant et l’éventuelle concurrence avec des services TER, la notification courant jusqu’en 2026. On notera d’ailleurs que la région Bourgogne- Franche-Comté et Île-de- France Mobilités ont déposé une saisine pour les liaisons traversant leur périmètre administratif.
Concluons sur un aspect souvent oublié de la coopérative : son premier train de fret circulera le 15 novembre prochain. Rail Passion a pris rendez-vous pour assister à la circulation de ce premier train entre Viviez-Decazeville et le triage de Toulouse-Saint-Jory…
(1) Cette levée de fonds a d’ailleurs été la plus importante réalisée en parts sociales et en nombre de souscripteurs sur Lita.co.
Cet article est tiré du n°288 de RAIL PASSION dont voici la couverture :
Le conseil d’administration de la coopérative Railcoop s’est réuni le 5 octobre dernier et a décidé de reporter de six mois le lancement de la ligne voyageurs Bordeaux-Lyon. La ligne Lyon – Bordeaux sera donc lancée pour la desserte annuelle 2023, soit le 11 décembre 2022. La principale raison de ce report est que le gestionnaire d’infrastructure -SNCF Réseau- n’est pas en mesure d’approvisionner la coopérative des sillons de qualité malgré des discussions sur ce sujet depuis plus de dix-huit mois, en étroite coordination avec les régions Nouvelle Aquitaine et Auvergne-Rhône-Alpes. Tous les services (deux allers-retours Lyon – Bordeaux au début et un aller-retour Lyon – Limoges et et un aller simple Lyon – Montluçon au futur) seront assurés par neuf X 72500 (surnommés “aspirateurs” au sein de la SNCF) tricaisses d’Alstom avec une puissance totale de 1600 CV. Comme la phase de fiabilisation de ces autorails modernes à grand parcours a été particulièrement longue, ce qui leur vaut encore aujourd’hui une mauvaise réputation et une radiation anticipée, les travaux de rénovation par l’équipe Railcoop après leur acquisition définitive auprès la région Rhône-Alpes sont d’une importance vitale.
Toute personne, physique ou morale, peut rejoindre/souscrire l’aventure attirante de cette jeune coopérative lotoise [Railcoop], créée le 30 novembre 2019 et basée à Figeac. Le rêve plein de logique et de fraternité de Railcoop qui est certainement né de l’ouverture à la concurrence du marché du transport ferroviaire (fret et voyageurs) est enfin sur le point de devenir une réalité ravissante.
Railcoop ne cache pas son ambition de relancer le fret régional et des lignes voyageurs de chemins de fer abandonnées par la SNCF. Dans quelques semaines, à la mi-novembre, la jeune société coopérative lancera sa première ligne de fret entre la gare de gare Viviez-Decazeville en Aveyron et l’ex-gare de triage/nouveau hub logistique de Saint-Jory en Haute-Garonne. La commercialisation est déjà commencée, des entreprises de la région se sont manifestées pour faire acheminer par cette ligne des produits divers. Et le matériel roulant? Pour ses premiers pas dans le secteur du service de marchandises, Railcoop envisage de louer des locomotives « Vossloh G 1000 BB » (avec une puissancee totale de 1400 CV) ainsi que des wagons bâchés [Rils 26)] destinés au transport de fret palettisé.